Congo – Décès de prétendus ''bébés noirs'' : La polémique enfle

Les versions divergent sur les causes de la mort de plus d'une dizaine de jeunes à Brazzaville. Bagarres sauvages survenues entre les groupes de bandits dits « bébé noirs », étouffement, tortures ou autres sévices au commissariat de Chacona, les congolais attendent des éclaircissements sur cette affaire qui déjà défraie la chronique.

Le directeur exécutif de l’organisation de défense des droits de l'homme, Trésor Nzila Kendet, a réclamé, le 25 juillet à Brazzaville, l’ouverture d’une enquête judiciaire et administrative pour déterminer l’origine de la mort des détenus au Poste de sécurité publique (PSP) de Chacona, à Mpila, dans le sixième arrondissement.

Trésor Nzila Kendet s’est interrogé sur les circonstances de la mort d'une dizaine de personnes dans un poste de police considéré comme un endroit de sécurité. Pour lui, les responsabilités doivent être établies pour savoir exactement la cause de décès de ces personnes d’autant plus « que le lieu de détention étant un endroit public ».

Se fondant sur des exposés faits par certains parents des victimes, le directeur exécutif de l’Observatoire congolais des droits de l'homme (OCDH) a émis des inquiétudes quant aux causes de décès, évoquant des soupçons de tortures. « Quelques parents abordés nous ont fait savoir que certains corps présentaient des marques de violence », a souligné Trésor Nzila Kendet.

De leur coté, de nombreux parlementaires, toutes obédiences confondues, avancent l'hypothèse d'une audition du ministre de l'intérieur, afin d'édifier la représentation nationale sur cette affaire de plus en plus évoquée comme une bavure des services de police.

Le 23 juillet, le procureur de la République, André Oko Gakala avait annoncé l’ouverture d’une enquête aux fins « d’élucider les causes et les circonstances de ce drame ». Il présentait les faits tels que, dans la nuit du 22 au 23 juillet 2018, « deux groupes de bandits appelés "bébés noirs", appartenant aux écuries Américains et Arabes, se sont affrontés avec toutes sortes d’armes. Cet affrontement a entraîné mort d’hommes ».

De nombreux témoignages récusent cette version des faits et déjà, la colère gronde dans l'opinion.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville