En Afrique francophone, et peut-être au-delà, de nombreux cadres ont transformé leur espace de travail en lieux de rendez-vous. Cet espace conçu pour recevoir des partenaires, concevoir des projets, trouver des solutions idoines à des questions vitales pour le pays devient le lieu des rencontres avec les parents et amis.
« Passe me voir au bureau !» peut-on souvent entendre dire.
Le bureau est ainsi devenu une adresse prestigieuse pour séduire une femme ou convaincre les parents de son autorité.
Plus de temps est ainsi consacré à des causeries familiales ou amoureuses dans les bureaux, pendant que des piles de dossiers importants prennent de la poussière.
Même ceux qui occupent des fonctions importantes ne sont pas en marge.
Au mois d’avril 2016, par exemple, le président congolais Joseph Kabila a révoqué son vice-ministre des postes et télécommunications au cœur d’un scandale sur Internet. Dans une vidéo de 4 minutes et 27 secondes, postées sur les réseaux sociaux, on y voit l’homme de 54 ans en séance de chat depuis son bureau en train de se masturber jusqu’à exhiber la semence fraiche sortie de ses organes génitaux.
Les jeunes femmes, surtout celles issues des milieux défavorisés, constituent le contingent de prédilections des visiteurs de bureaux. Elles ne résistent presque à la tentation de « passer au bureau ».
En effet, aller rendre visite à un potentiel séducteur à son bureau peut aider à régler un problème parce qu’à la fin, « Le boss » ouvre le tiroir ou le chéquier pour prouver sa force, sa grandeur ou l’étendue de sa superficie financière.
Dans certaines administrations ou entreprises, le personnel de ménage ramasse plus de préservatifs usés que d’ordures diverses. Ce qui sous-entend que le bureau peut aussi être transformé en chambre d’hôtel. Les vrais dossiers peuvent attendre, car, en Afrique, un dicton populaire stipule que « le travail du blanc ne finit jamais ».
Vraiment ? Eh bien, « Passe me voir au bureau !»
Jean-Jacques Jarele SIKA
