Chaque 1er décembre, la planète se mobilise pour rappeler que le VIH/SIDA reste une réalité sanitaire et sociale majeure. En 2024, 40,8 millions de personnes vivaient encore avec le VIH dans le monde, et 1,3 million de nouvelles infections ont été enregistrées. Ces chiffres rappellent que les progrès restent fragiles, malgré une baisse globale des décès et des transmissions.
Le thème 2025 — « Surmonter les perturbations, transformer la riposte au sida » — prend une résonance particulière dans un contexte de crises successives : financements qui s’essoufflent, systèmes de santé fragilisés, inégalités persistantes dans l’accès aux soins.
C’est un signal d’alarme : la lutte contre le VIH ne peut pas être reléguée au second plan des priorités sanitaires mondiales.
En 2025, on ne meurt plus du VIH lorsque l’on a accès au traitement. Mais l’épidémie progresse là où la société abdique.
En République du Congo, la situation est tout aussi préoccupante. Avec une prévalence estimée à 3,2 % chez les adultes âgés de 15 à 49 ans en 2023, notre pays fait face à l’une des épidémies les plus généralisées de la région Afrique de l’Ouest et du Centre.
C’est pourquoi, en 2023, le Conseil national de lutte contre le VIH/Sida, les infections sexuellement transmissibles et les épidémies a élaboré un cadre stratégique national de riposte au VIH pour la période 2023- 2027 cadre s’aligne avec le Plan national de développement sanitaire 2022- 2026. Ce cadre répond également aux objectifs de développement durable, notamment les ODD 3, 4 et 5, dans la perspective de l’agenda 2063 de l’Union Africaine.
Les efforts déployés par le Gouvernement ont permis de mettre sous traitement antirétroviral 93% des personnes dépistées positives soit 38 098 de personnes en 2023. Mais il reste de nombreux défis à relever, notamment celui de la stigmatisation et de la discrimination auxquelles sont confrontées les personnes vivant avec le VIH et les populations clés, ainsi que les questions de genre.
En effet, les injustices et les inégalités sociales alimentent les épidémies. A titre d’exemple, les adolescentes et jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans ont deux fois plus de risque d’être séropositives que leurs homologues masculins.
Il est également préoccupant de constater que plus de 44% des nouvelles infections aux VIH dans notre pays sont recensées parmi les populations clés et leurs partenaires.
Cela nécessite un changement de paradigme.
La Journée mondiale du SIDA nous impose donc un devoir collectif : ne pas laisser la fatigue remplacer la solidarité, ni l’oubli remplacer la prévention.
Le 1er décembre n’est pas une cérémonie du souvenir, c’est un rappel d’action.
Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville
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