Congo – Répression des antivaleurs : Denis Sassou N’Guesso a donné le ton, le Gouvernement est sommé d’agir

Lors de la dernière session du Conseil supérieur de la magistrature, le Président Denis Sassou N’Guesso a appelé à l’éradication des antivaleurs par la sanction, dans les autres corps de l’État, à l’instar de celles infligées aux magistrats envers lesquels des faits répréhensibles avaient été reprochés. Les propos du Président de la République, traduits par les sanctions qui les ont accompagnées, valent orientations ; « mot d’ordre » aurait-on dit en d’autres temps.

Le « ver est dans le fruit, même dans les autres corps de l’État », a relevé le Président Denis Sassou N’Guesso, s’adressant aux magistrats. Cela vaut orientation pour le Gouvernement, de se saisir de l’exemple édicté par le Chef de l’État, pour impulser cette dynamique pour laquelle les congolais attendent des actes concrets, à l’instar de ceux posés par l’instance dont répond directement le Président de la République, le corps de la magistrature, en sa qualité de Premier Magistrat.

Autant dire que Denis Sassou N’Guesso a donné le ton. Il importe désormais au Gouvernement notamment le Premier Ministre Anatole Collinet Makosso, d’imprimer le rythme et la cadence, pour expurger ce « ver » quasi saprophyte qui affecte de nombreux secteurs du développement national.

Il va s’en dire qu’avec la séparation des pouvoirs, faute de se rejeter « la patate chaude », sur qui devrait faire quoi en premier, chaque institution est en droit de se saisir indépendamment des dossiers, soit sur la base des rapports d’enquêtes existants ou qu’elle peut initier, soit sur la base des indices probants sur des faits suscitant le doute, voire sur la base de la clameur publique, afin d’orienter les certitudes devant faire l’objet des poursuites, vers l’organe de la Loi.

Qu’il s’agisse des deux chambres du Parlement, du Gouvernement, à travers ses organes de contrôle, de la Police à travers les services de Renseignements ou encore de la Justice, chacune de ces structures est en droit d’agir en toute indépendance selon que le besoin l’exige, sans forcément s’en référer à l’autre et les dossiers ne manqueraient pas.

En initiant des sanctions et non des moindres, envers ceux qui sont chargés de dire le Droit, ceux qui sont les garants des valeurs policées de la République, Denis Sassou N’Guesso pose plus qu’un acte. Il agit et pousse les autres corps de l’État à agir dans une dynamique d’entrainement. « Prêcher par l’exemple », dirait-on.

Il suffit de disséquer les propos du Président de la République, pour comprendre qu’excédé par le fait que les pratiques de tout temps dénoncées ont la vie dure, l’Homme a montré l’exemple en infligeant des sanctions bien dures car prenant pour exemple des faits réprimés à Pointe-Noire, « un homme averti en vaut deux » aurait-il dit en filigrane.

Qui donc aurait pensé que de par les fonctions occupées naguère, le Procureur général près la cour d'appel de Brazzaville, ayant soutenu l’accusation dans nombre de procès dits sensibles, pouvait être sanctionné au point d’être révoqué ?

Pendant longtemps, beaucoup de ceux qui auraient dû sanctionner, nettoyer, se sont complu à « dissimuler la poussière sous le tapis ». Désormais, il est plus que temps d’agir.

« Le ver est dans le fruit ». Parlant de la société humaine, cette métaphore de Denis Sassou N’Guesso vaut autant diagnostic, donc appel à intervention chirurgicale d’urgence, afin d’éviter la métastase, pour rester dans le langage médical.

Et face à ces cas de figure, la main du chirurgien ne doit nullement trembler, car c’est une question de vie ou de mort, même si l’acte se mène parfois dans la douleur, tant pour celui qui l'accomplit que pour celui qui le subit.

Ne rien faire, c’est acter une mort certaine. La mort de toutes les valeurs de respect et de dignité qui fondent le Congo et l’ont toujours fait resplendir.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville