Congo – Gouvernement : Qui sort, qui reste, qui entre !

Depuis le vendredi 23 septembre, le gouvernement de la République en est presque réduit à expédier les affaires courantes, même si le Premier Ministre a été reconduit à son poste par le Président de la République. Il n’en demeure pas moins que sa démission, suite à laquelle, Anatole Collinet Makosso a été reconduit, a de facto signé la fin de l’exercice des ministres actuels. Dire que la nouvelle équipe est très attendue des congolais. Alors de l’ancienne équipe, qui part, qui reste ?

Un communiqué signé du Ministre d’État, directeur du cabinet du chef de l’État a renseigné jeudi 22 septembre, sur ce que le Président de la République a renouvelé sa confiance au Premier ministre Anatole Collinet Makosso et l’a enjoint de faire des propositions, pour la formation du futur gouvernement.

Cette annonce suscite un espoir de renouveau auprès des congolais qui s’attendent à de nouveaux visages dans la nouvelle équipe gouvernementale, alors que d’autres moins convaincus pensent bien au contraire qu’il n’en sera rien. « On prend les mêmes et on recommence » disent-ils, tant depuis des lustres, la mouture existentielle du gouvernement renvoie à la même ossature, à laquelle sont accolés quelques nouveaux visages.

C’est peut-être là, tout le sens du changement qui marquera la réelle rupture que les congolais attendent de l’équipe gouvernementale, qui sera à l’évidence un mix entre quelques anciens et des jeunes, dans la perspective des changements en profondeur.

Sur « qui part, qui reste, qui entre », chacun croit tenir le fin tuyau et déjà, les spéculations vont bon train.

Les spéculations n’en seront qu’à leur comble si d’aventure le Président Denis Sassou N’Guesso faisait un crochet à Oyo, pendant le week-end. « C’est pour mettre la dernière touche à la liste », dira t-on à coup sûr.

Il va de soi qu’en demandant à son premier ministre de lui faire des propositions, Denis Sassou N’Guesso lui a également donné le profil des personnalités qu’il entend voir entrer dans le nouveau gouvernement. Ceux qui ont la mémoire courte l’on peut-être oublié.

Pourtant, il n’y a pas bien longtemps, le 14 août 2022, saluant la présence croissante des jeunes et des femmes dans les institutions publiques, en particulier l’élection de beaucoup d’entre eux à l’Assemblée nationale et dans les conseils locaux lors des scrutins de juillet dernier, le Président de la République avait vu en cela un signe positif de la démocratie congolaise, « élan qu’il importe de conforter pour évoluer vers une transition intergénérationnelle responsable et positive ainsi que vers les objectifs de Parité. »

Voila qui donne déjà une clé sur ce que sera le gouvernement « Makosso 2 ».

Quant au profil des acteurs et aux missions qui leurs incombent, le message sur l’état de la Nation de décembre dernier ainsi que celui du 14 aout 2022 ont décliné en toute clarté les attentes de Denis Sassou N’guesso.

Des marqueurs dont Anatole Collinet Makosso s’est depuis approprié et dont il a décortiqué les moindres subtilités, guideront à l’évidence le choix des hommes et des femmes qu’il proposera au Chef de l’État. Alors, qui reste, qui sort, qui entre.

Qui reste ! Parmi ceux qui restent, il y a ceux dont les actions en cours qui s’inscrivent sur une dynamique de progrès, appellent soit à une amplification de la cadence, soit à une poursuite des efforts qui déjà dessinent un élan nouveau.

Au moins quatre ou cinq départements tenus par des ministres, (hommes et femme) qui débutent à peine dans la fonction, ont l’estime des congolais qui aimeraient les voir reconduits.

Ces ministres ont outre leur lettre de missions, montré leur volonté d’aller de l’avant, fait preuve d’ingéniosité et surtout d’un réel management dans la conduite des affaires, afin d’arriver à des résultats optimum. Des résultats déjà visibles, dans les secteurs dont ils ont la charge.

Il y a aussi ceux qui en dépit des vicissitudes inhérentes à leur bonne volonté pourtant exprimée, tardent à récolter les fruits de leur labeur. Ceux envers lesquels un enseignant attribuerait la mention : « peut mieux faire ».

Et puis, il y a ceux dont l’action ministérielle est doublée de l’action politique. Des caciques certes, mais des personnalités de premier plan dont l’action au sein de l’équipe gouvernementale apporte davantage en termes de crédit que de rendements.

Qui sort ! En dehors de ceux qui à l’instar de la ministre Destinée Hermella Doukaga se trouve dans une incompatibilité fonctionnelle, du fait de ses nouvelles fonctions, il y a des ministres, compagnons de route de longues dates de Denis Sassou N’Guesso, qui aimeraient enfin se mettre en marge des affaires de l’État. C’est avec honneur que ceux là sortiront du gouvernement, après avoir tant donné et même sacrifié l’essentiel de leur jeunesse à la vie de la Nation.

Puis, il y a les autres, les recalés. Jamais les proposés à la sortie ne se sont bousculés, même quand ceux-ci sont personnellement convaincus que leur rendement est nul. Ces ministres qui tirent prétexte de la crise pour justifier leur inaction et leur manque de génie dans le management des hommes et la conduite des affaires. Ceux qui « sont », plutôt que « font ». Ceux qui lestent et alourdissent l’action gouvernementale.

Bien sûr, qu’envers eux, il n’y aura presque pas de choix cornélien pour Denis Sassou N’Guesso et Anatole Collinet Makosso, même si c’est toujours le cœur serré, que l’on se sépare des gens avec lesquels ont a fait équipe. Le sens du devoir, avec le Congo à servir, fait fi de toutes les considérations, quelles qu’elles soient.

Enfin, il y a ceux qui entrent. En dehors de la société civile qui peut être sollicitée, par delà les compétences qu’ils affichent dans leurs domaines et le caractère discrétionnaire de leur choix, les ministres viendront à coup sûr du vivier politique de la majorité. Il s’agit à l’évidence, ainsi qu’il est courant dans presque tous les pays, de se garantir une majorité de gouvernement, portée par le même idéal.

Une majorité, responsable toute ensemble, devant les congolais.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville