Congo – Législatives : Le Procureur Général près la cour suprême appelle les Procureurs des cours et tribunaux à engager des poursuites pour les fraudes constatées et avérées

Dans une lettre circulaire adressée aux Procureurs généraux près les cours d’appel et aux Procureurs de la République près les tribunaux de grande instance, le Procureur général près la Cour suprême, Gilbert Mouyabi, attire l’attention de ses pairs sur ce que des comportements susceptibles de revêtir des qualifications pénales auraient été constatés lors des législatives, avec parfois des cas de flagrance avérée. Il leur demande de ce fait d’ouvrir les actions qui s’imposent.

Quelque chose serait bien en train de changer dans la République. Alors que l’on était habitué à gérer toutes les entorses causées au processus électoral à travers le seul examen du contentieux électoral, voici que les praticiens du Droits, ceux qui en sont du reste garants, rappellent aux politiciens véreux et à leurs affidés, que des actions pénales existent bien et peuvent être déclenchées le cas échéant.

À propos du premier tour des élections législatives, la clameur publique a à travers les réseaux sociaux, fait état de nombreux cas de fraudes constatées de ci de là.

Des individus ont été appréhendés par la Force publique sur dénonciation des tiers, avec des sommes d’argent et des cartes d’électeurs rattachées à certains bureaux de vote pour l’achat du suffrage des électeurs. Le cas d’une circonscription de Bacongo, à Brazzaville.

D’autres encore ont été pris avec de nombreuses procurations vierges et pré signées, en plus des sommes d’argent. Sans doute une combine avec des membres des bureaux de votes, afin d’attribuer ces procurations aux éventuels abstentionnistes qui de fait auraient voté même sans s’être déplacés. À moins qu’il ne plaide la perte de son cachet, comment ce maire d’un arrondissement de Dolisie justifiera t-il sa signature quasi authentique apposée sur ces documents qui se comptent par centaines ?

D’autres encore, comme à Moungali où un candidat a été attrapés de nuit avec des urnes bourrées venus d’on ne sait où. 

À Ewo, un individu a été appréhendé avec de nombreuses cartes d’électeurs sur lesquelles est déjà apposé le seau « a voté ».

Autant de malfrats qui sont désormais aux mains de la Force publique, entendus sur procès, verbaux par la procédure de flagrance et gardés à vu. Les vidéos de leurs arrestations font le buzz sur les réseaux sociaux. Les sommes sont exhibées, parfois avec des documents officièls des bureaux de vote.

Beaucoup de ces personnes arrêtées n’ont pas attendu d’être « cuisinées », pour balancer le nom de leur commanditaire, une personnalité politique, pensant ainsi actionner un passe droit, dans le cadre du trafic d’influence auquel on était de tout temps habitué de la part de certains hommes politiques dont l’argumentaire se limitait à « tu sais qui je suis », ou encore, « tu sais à qui tu as affaire ».

Pourvu, ainsi que l’a recommandé la plus haute juridiction du pays, que les juridictions compétentes fassent leur travail, en toute impartialité, afin de redorer tant soi peu le blason de la Justice, souvent terni par les liaisons sulfureuses qu'elle entretient avec certaines personnalités politiques. Ce faisant, les praticiens du droit, donneront force à la loi, celle qui est la même pour tous et dont ils sont les garants.

Qui dont avait dit qu’il y a un temps pour tout. Le temps de la Justice semble venu, pour tous ces délinquants électoraux.

Le peuple a les yeux grands ouverts.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville