Congo – Nomination de Honoré Nsayi : L’appel de la République est un devoir au-dessus des considérations d’appareils

La nomination de Honoré Nsayi en qualité de ministre du gouvernement d’Anatole Collinet Makosso a entrainé une véritable levée de bouclier à l’encontre de celui-ci, de la part tant des instances dirigeantes de l’UPADS, que de certains militants qui voient en lui un traitre, oubliant que les considérations personnelles et même celles des appareils politiques, s’effacent devant l’appel de la République, qui dispose des prérogatives éminemment discrétionnaires, à utiliser tous ses fils et filles, qui qu’ils soient et d’où qu’ils viennent, pour sa construction.

Quand, sur proposition du Premier Ministre, le Président Denis Sassou N’Guesso a acté la nomination du ministre Honoré Nsayi au poste non moins prestigieux de ministre de l’Énergie et de l’Hydraulique, il ne lui avait pas échappé que la personnalité proposée était membre du directoire de l’UPADS, et qu’elle n’en était jamais partie.

Sans doute, Denis Sassou N’Guesso a vu à cet instant, non l’étiquète politique du promu, mais le rendement que les Congolais pouvaient attendre de lui, sur ce vaste chantier pour lequel les plaintes fusent de partout, à travers la République.

Dans son projet de société, Denis Sassou N’Guesso a inscrit « l’eau et l’électricité « au nombre des priorités pour lesquelles les congolais attendent un réel changement, tant la fourniture de ces deux produits vitaux appellent à un véritable remède de cheval, pour en corriger les dysfonctionnements toujours décriés.

Un défi, tant pour Honoré Nsayi qui est nommé pour le relever, que pour Denis Sassou N'Guesso qui aura choisi de « rouler hors de clous ». Qu’importe ce que peut en dire son parti, l’appel de la République est au-dessus de certaines basses considérations.

De toutes les façons, Denis Sassou n’a pas le monopole du choix des compétences ministrables, par-delà les partis politiques. Bien avant lui, Pascal Lissouba l'avait fait en son temps. L'histoire bégaye peut-être, mais elle se repète parfois. 

Plutôt que de prendre acte de cette nomination qui rejoint outre mesure ce qu’elle a toujours appelé de ses vœux, l’UPADS s’offusque. Une attitude pour le moins étonnante, quand beaucoup ont à bien d’égards reproché à Pascal Tsaty Mabiala ce « grand écart » parfois anticonstitutionnel qu’il a toujours assumé, dans certaines de ses propositions, toujours pas comprises par sa base, pour le bien de la Nation.

À moins que le temps qui passe ait rendu amnésiques les dirigeants de l’UPADS, ainsi que la grande masse de militants et autres donneurs de leçons qui crient à la traitrise, sans nullement justifier de la pratique de leur verbiage.

Tous se souviendront qu’en son temps, en 1992, pour être précis, le Président Pascal Lissouba avait pesé de tout son poids auprès des ministres Henri Okemba et Grégoire Léfouoba, soumis aux vociférations du PCT, qui comme l’UPADS en ces temps, criait lui aussi à la traitrise, en leur rappelant que « le devoir civique leur imposait de se mettre au service de la République. Et ce devoir sacré était au-dessus des considérations politiques ».

Seule l’histoire dira, si les deux personnalités furent des piètres ministres. Bien au contraire. C’est grâce à Henri Okemba qui fit acter à Pascal Lissouba, les travaux de réfection du Stade de la Révolution devenu Alphonse Massamba-Débat, que le Congo peut se targuer d’avoir au moins un stade aux nomes de la FIFA, quand dans toute l’Afrique, on en compte du bout des doigts. D'ailleurs, convaincu de ce que l'on ne pouvait laisser des hommes et les femmes nantis d'une réelle "capacity bulding", rester en marge de la construction du pays, alors qu'ils en avaient les compétences, Pascal Lissouba ne manqua pas d'expérimenter son idée de "démocratie participative". Peut-être qu'à l'UPADS, on a plus d'archives du tout. Alors, on ferait donc un faux procès à Honoré Nsayi.

Honoré Nsayi a été appelé par la République, pour servir le Peuple. Pas Denis Sassou N’Guesso. Lui également est au service du peuple.

En son temps, Pascal Lissouba avait fait de la « démocratie participative » son crédo. Son leg politique a peut-être été autodafé par ses pseudo héritiers qui dans le cas d’espèce, ont manqué de réminiscence.

Sans doute, le philosophe de formation qu’est Honoré Nsayi comprendra que pour atteindre les trois états du positivisme, il manque à d’autres la sociologie analytique qui les laisse un cran en arrière, dans la perception des phénomènes.

Ministre de la République, il est désormais appelé à s’inscrire dans une espèce de « révolution kantienne », en s’inspirant de ce que Kant nomme « l’impératif catégorique » : « Agis toujours de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle de la nature ».

Alors, laissez Honoré Nsayi travailler le cœur serein et le juger aux résultats, comme tous les Congolais, à travers ces marqueurs qui sont dans presque tous les foyers, à savoir, l’eau et l’électricité.

Le reste n’est que querelles de clochers de doctrinaires dépassés. Et c’est ce qu’il y a de plus avilissant.

Entre liberté et responsabilité, Jean-Paul Sartres n’a-t-il pas dit que l’existentialisme était aussi un humanisme ?

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville