Congo – Nouveau gouvernement : Des choix cornéliens pour Denis Sassou N'guesso

Dans son adresse à la Nation à l'occasion des festivités du 57ème anniversaire de l'indépendance du Congo, le président Denis Sassou N'Guesso a annoncé la formation d'un nouveau gouvernement afin de résorber la crise économique qui sévit dans le pays. Le choix des hommes devant composer la nouvelle équipe, constitue pour de nombreux congolais le véritable acte de « Rupture » attendu de Denis Sassou N'Guesso.

Quelques indications distillées par le président de la république dans son message, notamment l'allusion au programme avec le Fonds monétaire international, permettent de penser que conformément aux prescrits de cette institution, le nombre de ministres et leur profil technique seront les facteurs déterminants.

Une équipe resserrée, composée surtout de technocrates, des hommes et de femmes d'expérience, fins limiers dans leur domaine de compétences, voilà à tous le moins ce à quoi devrait ressembler le prochain gouvernement congolais. Il faudra pour Denis Sassou N'Guesso, s'affranchir de certains proches compagnons qui hélas ralentissent la machine.

La feuille de route a été définie par le président Denis Sassou N'Guesso. Cette équipe devra s'atteler à remettre le pays en marche, en usant d'ingéniosité pour trouver les voies et moyens de résorber la crise, sans casser le tissu social déjà fragilisé par la situation économique en cours. Rétablir les équilibres macroéconomiques.

« Pour faire face à la crise présente et la surmonter, il nous faut simplement mieux nous organiser, à tous les niveaux de la société, du sommet à la base de l'État. De l'élite entrepreneuriale au salarié de base. Du secteur public, au secteur privé. Il nous faut nous attaquer aux dysfonctionnements, aux faiblesses, à toutes les causes qui ont conduit à la rupture des équilibres fondamentaux de notre société.

Il nous faut renouer avec les valeurs fondamentales sans lesquelles toutes nos prétentions et résolutions de bonheur, de bien-être et de prospérité ne seront que des vœux pieux.

Ces valeurs sont le travail, l'innovation, l'acceptation des réformes, la compétitivité et la rationalité», a dit en substance le président Denis Sassou N'Guesso.

La compréhension de cette évocation préfigure une réorganisation de l'appareil d'État, une meilleure gestion des ressources et un contrôle plus accru de celles-ci, notamment les différentes assiettes hors pétrole alimentant le budget le l'État, souvent soumises à des disparités blâmables et non sanctionnées.

La question de l'Homme n'est pas en reste, car ceux payés à ne rien faire ou qui s'illustrent par un absentéisme endémique seront simplement remerciés.

La réorganisation « du sommet à la base de l'État » augure des sacrifices à consentir par tous, pourquoi pas l'allègement de la masse salariale, avec le non remplacement des agents allant à la retraite, dans des secteurs spécifiques, bien définis et même le redéploiement des effectifs dans des secteurs demandeurs, tels l'enseignement ou la santé.

De même, il est à envisager la réduction du train de vie de l'État et la perte par certains hauts cadres, des avantages qui n'impactent pas leur train de vie.

Le contrôle systématique des ressources affectées à des projets identifiés et celui de l'effectivité dans la réalisation desdits projets, avec le cas échéant des sanctions dignes du temps de la « cour révolutionnaire de justice », voilà autant de faiblesses à corriger et pour lesquelles la mentalité collective devra s'adapter.

Entre-temps, de nombreux ministres, devront s’atteler à ranger leurs affaires. Leur département devra soit fusionner avec un autre ou simplement disparaître en devenant une direction rattachée. Dans ce jeu de probabilités, de nombreux congolais souhaitent la continuité au ministère de l'enseignement primaire et secondaire ou celui des zones économiques spéciales, deux ministres qualitativement sortis du lot dans le gouvernement Mouamba qui lui même, n'est pas exempt de tout reproche, du point de vue de l'efficacité recherchée par le président Denis Sassou N'Guesso.

La crise sera surmontée. Denis Sassou N'Guesso promet de mettre toute son énergie dans cette bataille. Outre « toutes les énergies qui structurent le pays et font vivre l'économie nationale », il entend « s'appuyer sur un gouvernement efficace et résolument porté sur l'action. Un gouvernement qui sera entièrement mobilisé pour mettre en œuvre des réformes hardies et des politiques appropriées afin de relancer la machine économique nationale, d’accélérer la sortie de crise et de mettre l'ensemble du pays en marche vers le développement ».

Les critères sélectifs du choix des ministres et les enjeux en perspectives confortent le suspens sur l'équipe gouvernementale que Firmin Ayessa annoncera aux congolais dans le jours prochains.

Bertrand BOUKAKA