Congo – Unesco : L’ambassadeur Henri Ossebi fait le point de la ‘’semaine africaine de l’Unesco’’

Le Congo a participé à la Semaine africaine de l'Unesco, tenue du 22 au 24 mai, sur le thème : "L'éducation pour l'innovation, le développement et la culture en Afrique". Dans une entrevue avec nos confrères d’Adiac, Henri Ossebi, ambassadeur et délégué permanent du Congo auprès de l’Unesco, revient sur les grandes lignes d’une semaine riche en enseignements.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Monsieur l'ambassadeur, l’articulation de cette édition répond-elle à vos attentes ?

Henri Ossebi (H.O.) : Je serai tenté de dire que, s'agissant du thème de la Semaine africaine 2024, ce n'est pas tellement le pays en tant que tel qui compte. C'est plutôt le groupe africain qui, par principe et par tradition, a toujours aligné ses préoccupations sur celles d'Addis-Abeba, c'est-à-dire sur les conclusions du plus récent Sommet des chefs d'État africains. Comme vous le savez, le sommet de cette année a fait un focus sur l'éducation, en respectant, bien sûr, la spécificité du mandat de l'Unesco auquel, comme d’habitude, nous nous sommes, de fait, alignés sur ce mot d’ordre, en nous ménageant bien entendu des passerelles, et aussi des ouvertures liées aux domaines de compétences de l'Unesco.

L.D.B. : Quel a été l’apport du Congo ?

H.O. : Il faudrait d'emblée mettre en exergue le fait que le Congo siège au Conseil exécutif de l'Unesco jusqu'en 2025.

En novembre dernier, le Congo s’est vu doter des charges qui lui avaient été confiées par le groupe africain et qui ont fait de lui le porte-parole du groupe africain pendant les deux années écoulées. À ce double titre, toutes les actions du Congo sont appelées à avoir, je pourrai dire, une espèce de retentissement interne, déjà dans le groupe africain, mais aussi au sein de l'entière communauté des États membres de l'Unesco qui, comme vous le savez, sont structurés en différents groupes électoraux.

Nous, nous faisons partie du groupe 5A le plus important par son nombre. Et pour cause, l'apport du Congo a été multiforme. Déjà par le stand que vous avez visité où, de façon traditionnelle, nous sommes la vitrine de notre pays. Cette fois-ci, nous avons fait appel à un jeune compatriote très talentueux, qui a exposé des photos qui ont retenu l'attention du public, notamment en ce que sa technique s'appuie à la fois sur le dessin et sur la photo. Il part d'un dessin pour réaliser des photos et le résultat est magnifique. Cela a même été salué par le ministre marocain de la Culture, invité d’honneur de cet événement.

Le Congo a également contribué lors de la journée consacrée à la dégustation des plats africains. Et là, comme la République démocratique du Congo, nous avons bien entendu mis à l'honneur nos plats traditionnels, notamment le plus connu : le saka-saka avec le poisson salé aux aubergines, etc.

Et enfin, dans les commissions, nous avons apporté une contribution substantielle dans les débats sur l'éducation, sur les questions liées à l'avenir de l'éducation, en rapport notamment avec la problématique de la jeunesse pour être en harmonie avec le thème qui a été lancé par le président de la République.

L.D.B. : Pensez-vous que ce rendez-vous permet à l’Afrique de porter son message ?

H.O. : Bien sûr ! Dans le monde incandescent qui nous environne aujourd'hui, avec ses conflictualités exacerbées, mais également avec la montée en puissance sur les trois continents de ce que l'on appelle aujourd'hui le Sud global, et notamment dans ce contexte très chargé, avec les risques de voir le multilatéralisme s'étioler petit à petit au profit d'une polarisation qui n'est pas loin de rappeler l'époque révolue de la guerre froide.

L'Unesco a un rôle spécifique, notamment celui d'être, qu’on le veuille ou non, le courtier de la conscience intellectuelle mondiale aujourd'hui. Et les chantiers ne manquent pas. Pour jouer pleinement son rôle, l’organisation onusienne ne peut pas se passer de la contribution de l'Afrique en tant que continent, en tant que site, en tant que réservoir d'énergie sociale, d'énergie démographique par sa jeunesse, d'énergie matérielle par la variété et le côté stratégique de ses ressources, tellement convoitées aujourd'hui que l'on se demande comment l'intelligence artificielle, la numérisation et la digitalisation pourraient prospérer si quelque part les matières premières africaines n'étaient pas prises en compte. On peut même y ajouter la problématique récurrente, lancinante de l'avenir climatique de la planète, du développement global, qui a été encore une fois soulignée lors du sommet des trois bassins à Brazzaville.

Donc, l'Afrique à l'Unesco a la particularité et la spécificité d'avoir une direction qui lui est dédiée, que l'on appelle direction de la priorité Afrique et des relations extérieures. On est le seul continent à avoir une direction spécifique sous cet intitulé. Le retour des États-Unis dans la grande famille internationale de l'Unesco a été salué unanimement par les États africains, dont le nôtre, parce que nous avons besoin d'être, comme disait McBride il y a un certain nombre d'années, « un seul monde, mais avec des voies multiples ».

Et donc, si la thématique de l'éducation partie d'Addis-Abeba est reliée à l'Unesco, et la question de l'éducation essentielle, nous ne pouvons pas oublier ce que disait Mandela : « La clé de l'avenir réside dans l'éducation ». Effectivement, le groupe africain en particulier, et, au sein du groupe africain, le Congo, auront atteint l'objectif essentiel qui était à la fois de célébrer l'Afrique, de mettre une note festive, « d'enjailler, comme on dit, l'Unesco », mais en même temps d'apporter, par la réflexion, le défilé de mode, les débats politiques, les débats académiques, les projections de films, toute cette panoplie traditionnelle pour montrer que des choses se passent.

Le Congo en particulier doit saisir cette opportunité dans le cadre du « softpower » pour continuer à affirmer sa présence sur la scène internationale.

La Rédaction/Source Adiac