France : Le prochain Premier Ministre devra être une femme (Par Carelle Moukémaha)

Depuis le 15 mai dernier, nous pouvons tristement affirmer que cela fait 29 années que la France n’a pas connu de femme Premier Ministre. La dernière en date et la seule de l’histoire politique française à avoir occupé ces fonctions est Edith Cresson du 15 mai 1991 au 2 avril 1992.

La crise du covid-19 nous a invité à réaliser une introspection mais aussi à mener une réflexion portée sur la société dans laquelle nous vivons. Triste réalité, une crise sanitaire de cette ampleur frappe davantage les personnes les plus vulnérables et accroit fortement les inégalités. Cette crise permet également à certains de penser la “France d’après”.

    Edith Cresson, ancien Premier Ministre et Carelle Moukémaha fondatrice d’Inspirante

 

 

Mais, concrètement qu’est-ce que la France d’après ?

Oui, nous devrons vivre mieux;

Oui, l’écologie doit prendre toute sa place dans la société;

Oui, nous devrons repenser notre modèle de démocratie;

Oui, il faut que les français reprennent confiance en leurs dirigeants.

Aux grands maux, les grands remèdes, me direz-vous...

Je pense que la “France d’après” a également besoin d’un symbole fort, d’apaisement, de justice sociale, d’une volonté d’égalité, d’inspirer notre jeunesse. Le politique par son rôle, sa présence incarne la société. Il est un modèle.

Pour ces raisons, la France d’après s’accomplira lorsque le Premier ministre sera une femme. Cela fait déjà…

29 années qu’en France, la nomination d’une femme au poste de Premier ministre est associée à un risque politique;

29 années qu’à chaque nouveau Gouvernement, nous comptons le nombre de femmes qui le composent et nous nous demandons si cette fois-ci le Premier Ministre sera une femme;

29 années que nous nous satisfaisons de voir des femmes aux portefeuilles les plus importants et/ou régaliens (à titre d’exemple Christine Lagarde à l’économie, Florence Parly aux armées…); mais à sa tête uniquement des hommes s’y sont succédés.

Il ne s’agit pas ici de revendiquer l’égalité par principe, ni même de demander une remise à zéro du compteur depuis la Constitution de 1958. Il faudrait pour cela nommer des femmes au poste de Premier ministre durant 61 années…

Mais, il convient de faire prendre conscience qu’il y a bien des femmes compétentes pour occuper cette fonction.

Si cette crise a aggravé la situation des personnes les plus exposées aux violences à savoir les femmes et les enfants; elle a également révélé que les femmes étaient en première ligne durant cet épisode.

Infirmières, pharmaciennes, caissières, aides-soignantes… nous notons que “ce sont des professions féminisées à plus de 70 % qui font pleine face dans la bataille”. Des personnalités ont également retenu mon attention. C’est le cas par exemple de Ghada Hatem, fondatrice de la Maison des femmes à Saint-Denis.

Malgré l’épidémie et le confinement, sa structure qui accueille habituellement les femmes victimes de violences conjugales, les écoute et propose des ateliers de formation a une équipe qui est restée fortement mobilisée pour continuer à agir et contribuer à la protection des femmes de notre société.

Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Economie et des finances est également l’un des visages de la lutte contre cette crise. En charge des masques, Madame Pannier-Runacher est au coeur des sujets sensibles de cette épidémie. A plusieurs reprises, elle a su défendre avec force et détermination les intérêts de nos concitoyens comme par exemple en alertant Sanofi de la nécessité que la France soit bénéficiaire des vaccins au même moment que les Etats-Unis ou encore dans son soutien sans cesse réaffirmé aux artisans de notre pays.

Vous l’aurez compris, dans de multiples domaines les femmes au même titre que les hommes excellent et mettent leurs compétences au service de notre société.

Les fonctions de Premier ministre seraient-elles une exception ? Loin de moi l’idée, de vouloir voir une femme occuper ce poste au prix de la compétence. Mais, il devient urgent de briser cette spirale infernale qui conduit certains à s’imaginer que ce poste n’est pas occupé par une femme, car il n’y en aurait pas de compétente. Je n’y crois pas…

La France d’après, la France de demain, la France de l’après-crise doit se faire avec tous et notamment celles que notre société a trop longtemps exclu: femmes et jeunesse de France. Nous devons changer, évoluer et innover, pour inspirer de nouveau.

Finalement, la seule véritable question qui se pose est la suivante : Est-ce qu’un homme aura de nouveau le courage politique de nommer une femme au poste de Premier Ministre ?

Carelle Moukémaha fondatrice d’Inspirante