CPI : Laurent Gbagbo plaide non coupable

L'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a plaidé non coupable jeudi à l'ouverture de son procès pour crimes contre l'humanité, cinq ans après les violences postélectorales ayant déchiré son pays.

«Je plaide non coupable », a déclaré Laurent Gbagbo après lecture des charges par un représentant du greffe : meurtres, viols, actes inhumains et persécutions.

Son allié et coaccusé Charles Blé Goudé, ancien chef de milice, a lui aussi plaidé non coupable.

Le procès s'est ouvert jeudi devant la Cour pénale internationale, cinq ans après des violences post électorales.

Laurent Gbagbo, 70 ans, est le premier ex-chef d'Etat poursuivi par la CPI.

Lui et son co-accusé Charles Blé Goudé, 44 ans, ancien chef de milice, doivent répondre de crimes contre l'humanité: meurtres, viols, actes inhumains et persécutions.

Ils sont poursuivis pour leur rôle dans la crise née du refus de M. Gbagbo de céder le pouvoir à Alassane Ouattara, reconnu vainqueur notamment par les Etats-Unis et l'Union européenne, à l'issue de l'élection présidentielle de fin 2010.

Les violences avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois, transformant certaines zones du premier producteur mondial de cacao, moteur économique de l'Afrique de l'Ouest, en champ de bataille.

M. Gbagbo avait finalement été arrêté en avril 2011 dans le palais présidentiel après plusieurs jours de bombardements de la force française Licorne.

Quelques centaines de partisans de l'ex-président ont fait le déplacement, et chantaient jeudi matin leur soutien devant le bâtiment de la CPI, arborant des écharpes, chapeaux et autres apparats aux couleurs de la Côte d'Ivoire: vert, blanc et orange.

« Libérez Gbagbo! », « Procès de la honte! », « Gbagbo président! » scandaient-ils au rythme de tambours et de danses, se réchauffant dans la fraîcheur matinale néerlandaise.

L'ex-président ivoirien est accusé d'avoir fomenté une campagne de violences pour tenter, en vain, de conserver le pouvoir.

Charles Blé Goudé aurait, lui, été à la tête d'hommes ayant tué et violé des centaines de personnes dans le but de maintenir l'ex-chef de l'Etat au pouvoir.

Mais pour le camp Gbagbo, ce dernier est un chantre du multipartisme et la France, ancienne puissance coloniale, est derrière le « complot » qui a entraîné la chute de ce farouche nationaliste.

Reporté à plusieurs reprises, ce procès est attendu autant par le camp Ouattara que par celui de Gbagbo, d'autant qu'il repose la question cruciale des rapports entre justice et réconciliation.

L'accusation assure disposer de 138 témoins, qui ne seront pas tous appelés en audience.

Elle va présenter plus de 5.300 éléments de preuve et axer son dossier sur quelques attaques « représentatives » au caractère « généralisé » et « systématique ».

Le procès devrait durer entre trois et quatre ans.

GM