France - Présidentielle : L'Afrique, grande absente des débats

Alors que l'on aborde la dernière ligne vers la présidentielle française, aucun des candidats n'a à ce jour présenté un programme cohérent de son volet « relations France-Afrique ». Dire que ce continent dont l'apport multiforme est vital pour la France, a été zappé par ceux qui aspirent à la diriger.

François Fillon, Emmanuel Macron et Marine le Pen ont effectué des voyages en Afrique, et après ?

Si l'épisode des costumes de François Fillon réglée par Robert Bourgi a un temps orienté les regards vers l'Afrique ou la France-Afrique, le continent africain, principal pourvoyeur des matières premières qui concourent au développement de la France semble ne pas avoir un réel intérêt pour les impétrants à l'Élysée.

Même si le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a rendu publiques ses propositions pour l'évolution des relations entre la France et l'Afrique, il n'en demeure pas moins que ce programme qui se veut au plus proche des attentes des trois millions de votants français originaires du continent africain a des visées purement électoralistes.

Avec la montée de la menace terroriste et des sanctuaires de djihadistes en Afrique, l'enjeu africain réside pour nombre de candidats, au pré-positionnement de troupes devant anéantir la menace venant de cette partie du globe. En cela, le Maghreb et la zone sahélienne concentrent toutes les attentions.

Les autres secteurs naguère primordiaux dans les relations France-Afrique n'ont point de visibilité dans les débats ou meetings. Même la presse française oublie jusqu'à l'existence de ce continent car aucun journaliste n'a osé une quelconque question dans ce sens.

Il est vrai que l'on est plus au temps de De Gaulle, Giscard d'Estaing, Mitterrand ou Chirac qui ont mis un point d'honneur aux relations France-Afrique. Surtout que l'apport en « valises » pour soutenir financièrement les campagnes semble relégué au musée de l'histoire, Robert Bourgi ne jouant désormais que le rôle de conservateur.

Beaucoup d'africains votant en France avaient certes dit leur désapprobation pour la politique africaine de Nicolas Sarkozy. François Hollande n'a pas non plus conforté l'illusion du changement qu'ils attendaient de lui dans les relations, surtout politiques entre la France et l'Afrique. Bien au contraire.

Ni la gouvernance des États, ni l'avenir du Franc CFA pour lequel les pays utilisant cette monnaie arrimée à la France ont consigné 14 milliards d'euro au trésor français, ni le commerce, les exportations de matières premières dont la France est tributaire ou encore la préservation des écosystèmes avec l'Afrique comme deuxième poumon de la planète, notamment le bassin du Congo, rien de cela ne figure à l'agenda des candidats, ni n'est évoqué.

Espérons que cet oubli sera réparé et ces questions abordées lors des prochains débats.

Benoît BIKINDOU