L'insécurité ressentie dans les quartiers de Louvakou et ses environs (Moyen de vivre, Tao-Tao, Six manguiers…) dans le département du Niari (sud) connaît une tendance à la hausse significative. Déstabilisée par la consommation de drogue et la pression migratoire, la ville a basculé dans une violence aux accents latino-américains.
La ville de Louvakou n'est plus l'Eden départementale du temps d'avant.
« Voyez l'épaisseur de nos trousseaux de clefs, fait observer un habitant de la ville. Les gens de ma génération vous parleront avec nostalgie de l'époque où l'on laissait ouverte la porte de son domicile, où l'herbe couvrait les trottoirs ». Depuis, à Louvakou pas ou peu de règlements de comptes à la Kalachnikov ni au calibre 12 dans le monde du banditisme, une violence éruptive culminant en fin de semaine.
L'alcool et les rassemblements musicaux agissent comme des mèches lentes. Les armes comme des détonateurs.
Chaque automobiliste ou presque dispose de sa machette, indispensable face à une nature sauvage. C'est un équipement de sécurité, au même titre que la roue de secours.
Les armes blanches pullulent.
Cette semaine encore, la maison de Cédric Mabiala a été cassée par Didné Ngongo alias général Ndengué et à Tao-Tao où plusieurs cas de vols et braquages se font à l’aide d’armes blanches.
Les populations de ces villages sollicitent l’ouverture des postes avancés dans les villages Tao-Tao et Six manguiers.
Les fusils à canon scié et crosse coupée sont à la mode pour braquer. Depuis le début du mois de mars, ils se portent sous un vêtement ample ou même à califourchon sur un vélo.
« Il y a une semaine, témoigne Germain, l'un des habitants de Louvakou, nous avons attrapé un gamin sur un vélo et son complice, assis sur le porte-bagage, fusil de chasse sur les cuisses. Il n'avait pas hésité à ouvrir le feu sur un automobiliste qui les suivait ».
A cette génération, les 15-25 ans, inutile de parler d'ascenseur social au moment où le plancher s'effondre.
«Louvakou est en train de devenir une ville dangereuse. Tous les moyens doivent être mis en œuvre afin de tendre vers ce but : la sécurité et la tranquillité des populations sont en effet de réelles priorités et la peur doit changer de camp », nous a confié un élu local, citant les cambriolages qui ont « explosé à Louvakou et ses environs», les rixes, « les places de deal », il s'alarme aussi des agressions contre les paisibles citoyens qui « ont augmenté de plus de 50 % cette année».
« Une telle succession d'événements sidère évidemment l'opinion publique, mais méfions-nous de l'effet de loupe », tempère un autre élu local de Louvakou.
Jack de MAÏSSA / Les Echos du Congo Brazzaville