Démotivation sur la route du travail : faut-il partir ou rester ?

Nouvellement affecté comme directeur de l’école primaire de Mazingo à Mekambo dans la province de l’Ogooué Ivindo au nord du Gabon, ce fonctionnaire de l’éducation nationale est en route pour rallier son nouveau poste d’affectation dans des conditions ignobles et ignominieuses.

La démotivation guette le directeur de l’école, mais les opportunités de changer de job, elles, se font rares.

La route qui mène vers Mazingo est totalement inondée. Aucun véhicule ne prend le risque de circuler depuis plusieurs semaines. Entre résignation frustrée et démission, difficile pour le directeur de se prononcer dans un pays où le nouveau mot de passe est désormais : « celui qui boude, il bouge ».

Cette menace a été publiquement proférée récemment par Brice Laccruche Alihanga, Directeur de cabinet du chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba.

L’enseignement en Afrique est un métier difficile, « impossible », disait même Freud à son époque. Enseigner est un métier de relation à autrui, or, quand on travaille avec de l’humain, il y a de l’imprévisibilité, de l’inattendu.

Ce que l’on observe de façon évidente, c’est que la souffrance a dépassé le cadre personnel. Elle n’est pas seulement un problème de la psyché individuelle, mais surtout un élément lié à l’environnement de travail lui-même.

Il n’existe pas de statistiques pour cerner ce phénomène, très compliqué à mesurer. Il existe des chiffres de démissions, qui tendent à augmenter, notamment chez les jeunes enseignants. Mais ce n’est qu’une infime partie des cas, souvent les plus extrêmes.

Le levier principal, c’est cette question de la reconnaissance. Pour une minorité qui parvient à se la couler douce, l’immense majorité travaille d’arrache-pied et n’obtient aucune reconnaissance. Il y a un décalage de plus en plus grand entre l’image et la réalité.

JJS / Les Echos du Congo Brazzaville