Jadis belle ville, Brazzaville change progressivement de visage. Et pour cause… des tas d’ordures ménagères aux relents putrides recomposent son panorama pittoresque. Pas un pas à Brazza la verte sans qu’on ne se retrouve devant le terrifiant spectacle de bacs à ordures débordées ou de sachets aux odeurs insupportables décorant caniveaux, parcelles riveraines ou même de pans de la route. Le retour des pluies n’arrangera certainement pas les choses pour les couches sociales les plus défavorisées. Les canalisations bouchées qui résultent beaucoup plus de l’incivisme des riverains et des agents de nettoyage qui ne trouvent pas plus facile que de repousser dans les caniveaux toutes les saletés qu’ils ne peuvent ramasser pourraient constituer une véritable bombe environnementale. Pour Averda qui a la plus grande part du marché, ses agents sont toujours en première ligne, leur activité n'a jamais cessé. Ils sont agents de nettoiement de l’espace public urbain, ces hommes ont pour mission de faire disparaître les déchets de l’espace public.
Le matin, on les aperçoit en se rendant sur notre lieu de travail, ou le soir, tard, traînant les dernières poubelles.
Les agents de la société Averda, reconnaissables à leur tenue bleue, sont à pied d’œuvre, du lundi au dimanche, pour rendre l’espace public toujours plus propre.
Avant même le sommet des trois grands bassins forestiers du monde, à savoir, l'Amazonie, Bornéo Mékong et le Congo, pour débattre de la gouvernance des écosystèmes forestiers face aux changements climatiques dans le monde, la ville de Brazzaville a effectivement mis en place une politique de collecte des déchets et de nettoyage des rues ambitieuse. Plusieurs éboueurs et ripeurs ont assuré la mise en œuvre de cette politique par un travail aussi pénible qu’indispensable, mais souvent invisible des habitants.
Sur fond sonore de pelles qui raclent le sol, les hommes s’agitent pour ramasser les ordures ménagères dans les quartiers de Brazzaville.
Une période où la capitale congolaise, a rapidement collecté les déchets relatifs à cette occasion dans l’ensemble des quartiers de Brazzaville.
Cette initiative a suscité la grande satisfaction des Brazzavillois qui ont souffert, pendant des années, de plusieurs jours d’odeurs nauséabondes.
Les usagers témoignent de quelque sympathie envers les éboueurs, d’abord vis-à-vis de ceux de leur quartier.
Beaucoup éprouvent aussi une certaine admiration devant l’exercice de tâches rebutantes.
Pour le profane, le seul contact avec les salissures et les déchets suffit à faire du nettoiement une activité difficile, moins compliquée que pénible en raison des odeurs, du contact avec des matières salissantes. On sait gré aux éboueurs d’être des garants du bon fonctionnement de la vie commune.
Cette reconnaissance coexiste toutefois avec des représentations beaucoup moins favorables. L’activité passe souvent pour un « sous-métier » dévalorisé.
Ne réclamant aucune formation, mal rémunéré, l’éboueur subit un discrédit qui tient d’abord à sa raison d’être : ramasser les rebuts des autres. De là à penser que ceux qui font ce travail sont inférieurs à ses bénéficiaires, il n’y a qu’un pas d’autant plus aisément franchi que la notion de « service » renvoie à l’idée de domesticité.
Le travail des éboueurs les rapproche de Sisyphe. A peine ont-ils achevé de balayer et de nettoyer un espace que celui-ci est aussitôt sali, parfois sous leurs yeux.
Cette froideur apparente vis-à-vis de l’annihilation de leur travail ne semble pas altérer la conscience professionnelle du gros des agents de nettoiement qui savent leur présence nécessaire à la vie de la cité et de la toilette intime de Brazzaville.
Ces travailleurs de l’ombre « en manque de reconnaissance » ont l’impression, que les habitants de Brazzaville sont plus sensibles à leur mission aujourd’hui qu’hier. « Espérons que cela dur. »
Finis les coups de klaxon et les énervements derrière le camion.
« Ça grogne moins. À la place, on reçoit des saluts des habitants qui ouvrent leurs volets ou encore, ce riverain matinal qui, de sa fenêtre, a applaudi notre passage. Merci à eux », sourit Valentin de la société Averda.
Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville