La ville de Brazzaville, la capitale du Congo, est de plus en plus polluante à cause de la consommation à outrance de ses 1.827.000 habitants. Les conséquences y afférentes génèrent des maux aux incidences parfois graves. C’est le cas des déchets ménagers, lesquels contribuent gravement au déséquilibre des écosystèmes. Dans la première ville du pays, il y a un contraste évident entre les populations qui se plaignent de leur pouvoir d’achat, qui serait par ailleurs très faible, et la quantité de déchets que produisent ces mêmes populations.
A Brazzaville, il y a d’une part, les pouvoirs publics qui n’assurent pas aux populations une qualité de vie irréprochable, du moins, sur le plan de l’assainissement de la ville, car les sociétés chargées d’assurer la propreté de la ville sont de toutes évidences peu performantes. Elles n’arrivent pas à réguler toutes les ordures qui envahissent la capitale congolaise. Les brazzavillois consomment de plus en plus et produisent de ce fait trop de déchets. D’autre part, les brazzavillois n’ont ni formation adéquate à l’éducation relative à l‘environnement, ni la culture du tri des ordures ménagères.
S’agissant du dernier point c’est-à-dire le tri, nous dirons qu’il n’aurait aucun sens même si les populations étaient effectivement éduquées à cela, car il n’y a aucun centre de tri à Brazzaville. Par conséquent, les tris des ordures ne serviraient pas à grand-chose, étant donné que toutes les ordures sont finalement déversées au même endroit, c’est-dire à l’unique déchetterie de la ville. Une fois de plus, la responsabilité étatique est engagée sans ambages.
L’autre aspect touche directement les foyers des populations. En effet, les parents, même non éduqués au tri des ordures, font parfois preuves d’irresponsabilité dans le sens où, très souvent, ils jettent leurs ordures à même le sol, même lorsque les bacs prévus à cet effet sont vides et disponibles. Aussi, il n’est pas rares que les parents envoient des enfants à bas âge vider les poubelles ménagères. Or, ces enfants non, parfois, ni la taille appropriée ni la dextérité des parents, ni l’adresse et les qualités morales de prendre les bonnes décisions par rapport à la mission qui leur est confiée. A cela s’ajoutent les incivilités de toutes sortes telles que le déversement des ordures à même le sol et sans sacs poubelles. Toutes ces incivilités sont caractéristiques à toutes les catégories des populations, même les moins soupçonnables !
Mais comment faire pour réduire ces énormes quantités de déchets qui jonchent les rues de Brazzaville ?
Les solutions sont multiples. D’abord, il convient de poser pour priorité, la réduction et la gestion de déchets à la source et gérer rationnellement leurs sorties aux lieux de ramassage, plutôt que de les carboniser en pleine voie comme c’est le cas ces derniers temps. C’est-à-dire que chaque personne devra être responsable de sa quantité de déchets, lesquels ne devront être conduits aux lieux prévus pour leurs collectes qu’à des heures précises.
C’est, à notre sens, l’une des solutions les moins mauvaises qui contribueraient à réduire considérablement la quantité immonde de déchets qui jalonnent notre capitale. Mais aussi d’éduquer les populations au tri des ordures ménagères.
Les pouvoirs publics, s’ils étaient exempts de tout reproche, devraient réfléchir sur la possibilité de taxer individuellement chaque foyer selon la part des déchets produits par chaque foyer. Or, jusqu’à présent, l’Etat n’a pas mis à la disposition des populations, une quantité suffisante de bacs à ordures. En réalité, il n’existe pas du tout de bacs individuels, et les autorités en charge de gérer ces déchets n’ont non plus mis en place, une politique de tri au sein des ménages brazzavillois.
Si aucun chiffre journalier ou mensuel sur la quantité des déchets n’est publié par les autorités congolaises, il n’y a non plus de statistiques régulières à ce sujet.
Il ressort du Document de stratégie pour la croissance, l’emploi et la réduction de la pauvreté 2012-2016, que le système de collecte et de traitement des déchets solides dans la ville de Brazzaville est peu développé : à peine 5% des déchets produits, quotidiennement, seraient collectés.
La production de déchets ménagers à Brazzaville est estimée à 350.000 tonnes par an.
Les ménages pensent plutôt que l’Etat et les collectivités locales ne sont pas à la hauteur de leur tâche, puisqu’ils ne mettent pas à la disposition des populations, les outils nécessaires à la satisfaction de leur besoin en collectes et en tri d’ordures ménagères.
En réalité, il y a très peu de bacs à ordure au mètre carré dans chaque quartier de Brazzaville et la régularité du ramassage des ordures est un facteur réellement défaillant, car le relèvement de barils n’est pas régulier. Il est même parfois inexistant dans certains quartiers, d’où la mauvaise idée des populations de brûler les déchets sur la voie publique.
Des sacs plastiques
S’il est vrai que les contenus de nos poubelles posent problèmes, certains contenants, plus particulièrement les sacs plastiques demeurent tout aussi une véritable préoccupation quant au problème d’insalubrité à Brazzaville.
En effet, les sacs plastiques, ainsi que les emballages de commerces, représentent plus de la moitié des produits courants et polluants à Brazzaville. Les sacs plastiques à usage unique, sont le symbole même d’un mode de consommation générateur de déchets. Par manque de sensibilisation et même d’éducation à l’environnement, toutes les couches sociales qui composent l’agglomération brazzavilloise adoptent des modes de vie peu recommandables, car il y a beaucoup d’incivilités à ce sujet.
En effet, il n’est pas rare de voir des gens jeter en toute impunité, des sachets plastiques ayant servi d’emballage à un sandwich ou à d’autres aliments de consommation courante. La faute revient à la fois aux consommateurs et aux commerçants qui proposent de manière systématique un ou des emballages plastiques à leurs clients. Légalement, ils sont en droit de le faire, car ces derniers n’ont reçu aucune interdiction de la part des autorités, ce qui justifie ces pratiques aujourd’hui préjudiciables pour la planète.
Santé humaine et santé des écosystèmes à Brazzaville
Si l’on tient compte des différentes études publiés par des grands organismes comme l’OMS, l’Afrique est l’un des continents les plus ciblés par les programmes de santé eu égard à son taux de mortalité particulièrement importants, notamment le taux de mortalité infantile et maternelle.
A tous ces problèmes se substituent également les problèmes de santé liés à l’insalubrité. Ces problèmes génèrent leur part de désastres environnementaux visibles ou invisibles, dans lesquelles l’être humain et notamment le brazzavillois, n’est plus une victime mais plutôt un acteur important quant à son agir.
En effet, par son action, il participe activement au déséquilibre de l’écosphère par la dégradation de son lieu de vie. Il est de ce fait exact de dire que la santé de l’humain est très étroitement liée à celle des écosystèmes, qu’ils soient terrestres, marins ou aériens.
Les équipes d'entretien des édifices publics à Brazzaville, s'arrachent les cheveux pour ramasser des millions de mégots que les fumeurs indisciplinés lancent partout.
Il suffit de passer deux heures au centre-ville de la capitale congolaise pour voir que les trottoirs sont transformés en éteignoirs. Tous sont quasiment jonchés de mégots.
Au-delà de la pollution visuelle qu'il engendre, le mégot constitue surtout un véritable fléau environnemental. Cela pose en effet un gros problème de toxicité.
On rappelle qu’un mégot est susceptible à lui seul de polluer 500 litres d’eau, la rendant impropre à la consommation. Il peut mettre 12 ans à disparaître dans la nature.
En l’état actuel des choses, les congolais ont intérêt à s’imprégner et à aborder la question de la santé et du cadre de vie de l’homme en plaçant ce dernier au centre de l’action. Cette démarche consistera à adopter une approche Écosanté, c’est-à-dire qu’il devra remettre l’humain au centre des préoccupations environnementales en reconnaissant son influence ainsi que l’impact de son action sur l’environnement.
La somme des actions humaines est si considérable dans nos sociétés modernes qu’elle nécessite une prise de conscience en termes de comportement.
Il va falloir que les gens intègrent ce nouveau réflexe à Brazzaville : on ne doit rien jeter par terre.
Germaine Mapanga / Les Echos du Congo Brazzaville