Afrique – Monnaie : Le président béninois a-t-il signé la fin du Franc CFA ?

Dans un entretien à France 24 et RFI jeudi soir, le président béninois Patrice Talon a fait une déclaration extrêmement importante à propos du franc CFA. Il a indiqué que le « retrait des réserves de change du franc CFA » ne saurait tarder. « Très rapidement », a-t-il dit, en ce qui concerne l’UEMOA.

S’acheminerait-on vers la fin de l’existence du Franc CFA, dans sa configuration actuelle ? Le président béninois n’est pas allé par quatre chemins jeudi, pour en annoncer quasiment le démantèlement, avec notamment la restitution par la France aux États de la zone CFA, des réserves de change CFA gardées par sa banque centrale.

Selon le président Talon, en première ligne, il y aura la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) qui bat monnaie actuellement pour les pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Celle-ci va «gérer la totalité des réserves de devises et va les répartir auprès des diverses banques centrales partenaires dans le monde».

Même s'il n'a pas donné de calendrier précis, le chef de l'État béninois vient de sonner le glas d'une monnaie qui fait débat depuis de très nombreuses années. « Nous sommes tous d'accord là-dessus, à l'unanimité, pour mettre fin à ce modèle », a-t-il déclaré.

Le franc CFA, autrefois «franc des Colonies françaises d’Afrique », devenu aujourd’hui «franc de la Communauté financière africaine», est utilisé par 160 millions d'habitants repartis sur 15 pays.

Plus de cinquante ans après les indépendances desdits pays, le Franc CFA ne fait plus l'unanimité auprès des économistes africains partagés quant à son efficacité pour le développement des pays qui l'ont comme monnaie.

Les partisans du franc CFA soulignent que le taux de change fixe lié à l’euro, ainsi que la garantie de la France, confèrent aux économies de la zone CFA une stabilité profitable.

Les détracteurs de la monnaie franco-africaine dénoncent le coût exorbitant de cette tutelle qui exige un dépôt de garantie en France correspondant à 50% des réserves de change des 15 pays de la zone CFA. Ils déplorent également le fait que des pays africains soient contraints d’adopter la politique monétaire de l’euro, qui n’est pas toujours conforme à leurs intérêts.

Reste à savoir si les mécanismes évoqués par le président béninois concernent également la zone CEMAC où, s’affranchir du CFA ne semble pas vraiment à l’ordre du jour.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville