Une planche de plus de 10m, sert pour le moment à favoriser les déplacements des populations des quartiers nord de Brazzaville. Il est l’œuvre des jeunes chômeurs qui doivent faire preuve de la plus grande habileté dans un pays où le sport préféré est la débrouillardise. Pour traverser cette passerelle de fortune, ils sollicitent auprès des usagers un montant forfaitaire de 50 francs CFA par passage.
À Brazzaville, il faut s’y prendre tôt pour manger le soir. Tout le monde pratique l’article 15, une maxime qui définit le système de débrouillardise en place au Congo.
Au Congo, la population fait montre d'un esprit de débrouillardise à toute épreuve. Dans ce pays, où trouver un emploi dans la fonction publique ou dans le secteur d'économie moderne privé relève de l'exploit, et où la pauvreté persiste et signe, des millions de citadins et de ruraux se démènent comme de beaux diables pour tirer leur épingle du jeu.
Ils sont contraints, par la force des choses, à se battre bec et ongles pour assurer leur survie avec comme principale solution, la débrouillardise à la congolaise, c'est-à-dire la quête effrénée d'opportunités, bonnes ou mauvaises.
Dos au mur, chefs de famille, femmes, jeunes, adultes, analphabètes et diplômés tentent de " se forger " une source de revenu, de construire un toit, de manger, de trouver de l'eau, de se déplacer, de s'instruire, de se soigner, etc.
Même, certaines catégories sociales qu'on aurait crues à l'abri du besoin, comme les enseignants, les employés de banque, les douaniers, les forces de l'ordre et autres fonctionnaires doivent pratiquer une seconde activité ou user de basses manœuvres pour arriver à leurs fins.
Le pays est encore soumis à l'emprise voire au règne d'une débrouillardise sans bornes. Son avenir économique se construit sur l'empressement chaleureux et bavard des vendeurs à la sauvette dans les rues, les acrobaties des " mototaxistes " dans la circulation urbaine, les manèges des prostituées le long des trottoirs, les détournements de fonds publics…
Après une brève période de croissance soutenue, le Congo traverse aujourd’hui une sévère crise économique. Même si les leaders politiques ont initié de multiples programmes de développement dits structurants, ces projets, aujourd’hui en cours, n’ont pas encore de conséquences sur le bien-être des populations.
À l’autre bout de l’échelle sociale, les trois quarts de la capitale sont constitués de zones crasseuses et délabrées, sans eau ni électricité, aux rues anonymes, alimentées par l’exode rural. Même dans les quartiers de la classe moyenne, les infrastructures, quand elles existent, sont défaillantes.
Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville