Congo : Pourquoi l'Etat doit à tout prix réduire son train de vie

Comment peut-on encore justifier le train de vie de l’Etat à l'heure où le gouvernement congolais cherche partout des économies ou à renflouer ses caisses bien trouées depuis plusieurs années. Certes, cela ne résoudra pas la question de la dette de l’Etat, ni n’enrichira les congolais, mais il faut des symboles. Et réformer le faste de l'intendance publique serait un excellent signal. Tous les pays qui ont procédé à des réformes structurelles ont donné l'exemple en changeant ostensiblement le mode de vie des gouvernants et le train de vie de l’Etat.

Les cabinets au sens large, les assemblées disposent d'un parc de véhicules et de chauffeurs à disposition, sans parler des collectivités locales et du train de vie préfectoral. On peut comprendre alors les jérémiades et autres grincements de dents des congolais.

Il est évident que ce décorum au bout d'un certain temps apparaît à ceux qui en bénéficient comme parfaitement normal, ils se déconnectent insensiblement du quotidien des congolais.

Alors qu'attend-on ? Dans nos entreprises, nous avons des "cost killers" qui débarquent et listent tout ce qui peut être réduit et économisé. Commencer par cette réforme de l'intendance publique serait un excellent signal immédiat. Une sobriété de bon aloi est indispensable, signe que le pouvoir a compris le message depuis que la crise financière essore le pays.

Réduire le train de vie de l'Etat : Présidence, ministères, parlementaires, en redéployant là aussi les fonctionnaires sur notre territoire, là où ils font défaut. Il faudra réduire considérablement le personnel affecté à ce train de vie, partout, aussi difficile que ce soit et l'accepter.

En Allemagne par exemple, les élus circulent dans les transports en commun comme d'ailleurs dans presque tous les pays d'Europe, un mode de vie professionnel simple : de simples réceptionnistes vous annoncent au ministre et c'est lui qui vient vous chercher dans une salle d'attente basique.

Le président Denis Sassou N’Guesso serait bien inspiré de s'attaquer enfin à la réduction du train de vie de l'administration. Cet objectif doit être atteint et peut encore l'être même si les moyens prévus pour y parvenir ne sont pas encore totalement clairs.

La réduction du train-de-vie de l'État ne saurait faire abstraction de la moindre économie. Celle liée à l'utilisation abusive des voitures de fonction est déjà lancée, sans oublier la réduction de la fréquence des missions à l'étranger et la composition des délégations.

Selon des analystes politiques, la réduction des effectifs du gouvernement qui compte près de 40 membres est nécessaire car cette équipe est jugée pléthorique et «budgétivore» au regard de la conjoncture actuelle.

En guise de cadeau d'anniversaire des 58 ans de l'indépendance, les salaires des ministres ont été ponctionnés de 10%. Si pour certains, ces soustractions qui font recours à une calculatrice impliquent des réajustements dans les dépenses familiales, d'autres vont devoir réviser leurs comportements qui commençaient à agacer certains concitoyens.

Quoiqu'il en soit, en ayant ponctionné les salaires des ministres, l'exemple venu d'en haut, doit s'appliquer de toute évidence à tous les « gros salaires » de la fonction publique, jusqu'au seuil du tolérable de ceux ayant des salaires moyens, qui seront épargnés.

Jack de MAÏSSA / Les Echos du Congo Brazzaville