Les francs-maçons appellent les dirigeants des pays de la zone franc à mettre fin à l’usage du franc CFA

Les francs-maçons d’Afrique et de Madagascar ont ouvertement appelé les gouvernants des pays de la zone franc à « mettre fin à l’usage du franc CFA, qui est de toute évidence un frein au développement économique et social.

Cette grogne maçonnique a eu lieu récemment, lors des 27ème Rencontres humanistes et fraternelles africaines et malgaches, à Marrakech, au Maroc, et qui ont réuni 70 obédiences.

On rappelle que ces derniers temps, trois chefs d’Etats africains se distinguent par leurs positions critiques envers le franc CFA.

Le plus virulent est incontestablement Idriss Déby.

En 2015, à la stupeur de beaucoup à Paris, il avait choisi de s’en prendre à cette monnaie lors des célébrations du 55è anniversaire de l’Indépendance du Tchad. Dans un discours lourd de sens, il avait déclaré :

« Il y a aujourd’hui le FCFA qui est garanti par le Trésor français. Mais cette monnaie, elle est africaine. C’est notre monnaie à nous. Il faut maintenant que réellement dans les faits cette monnaie soit la nôtre pour que nous puissions, le moment venu, faire de cette monnaie une monnaie convertible et une monnaie qui permet à tous ces pays qui utilisent encore le FCFA de se développer. » Avant de poursuivre dans une tirade dont il a le secret : « On n’a pas besoin de chercher de midi à 14 heures. Nous allons continuer à cœur l’amitié avec la France. Mais il faudra avoir le courage de dire que le moment est venu de couper un cordon qui empêche l’Afrique de décoller ».

A l’époque, les hauts fonctionnaires de Bercy avaient peu goûté ces attaques mais les avaient mises sur le dos d’une énième rodomontade du président tchadien.

Avec du recul, ce dernier a bel et bien ouvert une brèche et ne prêche plus seul. Partisan maintenant convaincu de la nécessité d’une souveraineté monétaire pour l’Afrique, le président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, n’est pas en reste et était peut-être même le chef d’Etat le plus remonté à N’Djaména. Au cours de ces derniers mois, son pays a vu plusieurs de ses transferts financiers internationaux bloqués du fait que ses avoirs extérieurs étaient descendus en dessous de la barre fatidique des 50%.

A Malabo, on se souvient avec acuité que la Guinée Equatoriale n’a rejoint le franc CFA qu’en 1985 et que jusqu’à cette date, le pays possédait sa propre monnaie, l’Ekuele. Renouer avec une monnaie propre ne serait donc pas un drame.

«Nous sommes entrés librement dans le franc CFA. Nous pouvons en sortir tout aussi librement » est une phrase que l’on entend beaucoup ces derniers jours.

Quant à Denis Sassou NGuesso, il a opté pour le contournement plutôt que l’affrontement avec la France. Acculé par sa montagne de dettes, le Congo a choisi de passer outre le diktat du compte d’opérations en plaçant d’importantes réserves de change dans des banques chinoises. Et de contourner les prêts du FMI en empruntant directement auprès de Pékin.

Durant les « États généraux du F CFA », qui se tiendront les 16 et 17 février à Bamako, des comités réfléchiront à des modalités de sortie du F CFA et à des solutions de remplacement.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville