Congo – Dissolution de la SNE : Partie de « poker-menteur » pour Eugène Ondzambé Ngoyi ?

Désormais dépouillé de toutes prérogatives juridiques, le président du conseil d’administration de la défunte société nationale d'électricité SNE, Eugène Ondzambé Ngoyi, a rassuré, le 15 février à Brazzaville, que dans le cadre des réformes envisagées, aucun agent ne sera remercié. Une assertion sujette à caution.

Opération de déminage ou volonté de rassurer, le directoire de la Société nationale d'électricité (SNE), réuni en séance de travail, a  informé les directeurs départementaux, centraux et chefs de service, ainsi que les chefs de division qu'aucun agent ne sera licencié suite aux réformes qui vont intervenir dans l'entreprise. Ceux-ci ont été invités, à leur tour, à conforter leurs collaborateurs désespérés depuis l’annonce faite par le gouvernement, de dissoudre la société.

« Les réformes sont annoncées dans le but d’apporter plus d’efficacité dans notre système de service public de l’électricité. Personne ne peut s’opposer à une amélioration. L’inquiétude qui animerait chacun d’entre nous serait celle liée à la perte de l’emploi. », a estimé le président du conseil d’administration, avant de relever que : « De ce point de vue, nous avons des partenaires sociaux qui avaient été reçus par les hautes autorités du pays. Ces derniers les ont rassurés du fait que personne ne sera mis à la porte dans le cadre de la mise en œuvre des mesures de réformes à la SNE. Notre ministère de tutelle nous l’a confirmé ».

Le directeur général de la SNE, Louis Kanoha Elenga, a de son coté souligné que quel que soit le statut que prendra l’entreprise, qu’elle soit para-étatique ou privée, les acteurs de l’électricité seront présents. Car, ils sont appelés à travailler sans relâche pour rendre disponible le produit.

Les principaux interlocuteurs auraient-ils oublié le désastreux constat du conseil des ministres, ayant conduit à la dissolution de la société ?

« En dépit des lourds investissements consentis par l’État, en matière d’infrastructures de production, de transport et de distribution de l’électricité, et malgré une assistance technique voulue par les pouvoirs publics, la SNE n’a malheureusement pas pu recouvrer un niveau de rentabilité et de viabilité suffisants. Cet état de fait a entraîné le versement continuel de subventions dont le maintien devient difficile en cette période de resserrement des ressources budgétaires. C’est dans ce contexte négatif que les pouvoirs publics ont mené les réflexions d’usage en vue de l’amélioration des performances de l’opérateur public d’électricité de notre pays. Le schéma de réforme finalement retenu s’oriente vers la création d’une société anonyme de droit Ohada, l’accent devant être mis sur une gestion privée et une dimension commerciale plus affirmée.

Il va s'en dire qu'il y a bien l'Homme au centre de ces contre-performances. Et, pour une nouvelle société plus compétitive, il faudra à l'évidence s'affranchir de certains travailleurs, « poids mort », dont le minable rendement plombait les performances de la défunte SNE. C'est aussi cela, la restructuration d'entreprise.

Rappelons que c’est lors du conseil des ministres du 2 février que le gouvernement avait décidé de la mutation de la SNE en une société anonyme. 

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville