L’Etat providence est mort au Congo-Brazzaville. Et d’ailleurs chaque participant à la Conférence nationale souveraine en a fait large écho. Le président congolais, Denis Sassou Nguesso, déterminé à résorber l’épineux problème du chômage qui essore les jeunes congolais, a appelé, dans un langage franc et direct, les entreprises à créer des emplois.
Le numéro un congolais a tiré sur la sonnette lundi, lors de l’inauguration de la centrale hydroélectrique de Liouesso, à Ouesso chef-lieu du département de la Sangha (nord).
«Lorsque les jeunes parlent d’emplois, ils ne regardent que l’Etat. L’Etat crée les conditions de réalisation et le privé, les travailleurs individuels, les entreprises, devraient se saisir de toutes ces possibilités pour donner des emplois », a expliqué le premier président élu de la Nouvelle République.
Sassou Nguesso a appelé également ses concitoyens à comprendre que « l’Etat fait la régulation, crée les conditions de base pour promouvoir le développement. Et les autres acteurs doivent prendre le relai pour créer la dynamique de développement ».
On rappelle que l’économie congolaise a été fortement secouée au cours de ces trois dernières années par la baisse des cours du baril de pétrole sur le marché international. Un choc énorme pour le pays qui peine à sortir de la crise.
De façon directe, la baisse d'activité du secteur pétrolier a mis sur le carreau de nombreux travailleurs notamment dans les sociétés de sous traitance et d'intérim. L'effet domino a aussi des répercutions sur les autres secteurs de l'économie congolaise.
Les entreprises privées membres de l’Union patronale et interprofessionnelle du Congo (Unicongo) ont déclaré récemment qu’au titre de l’année écoulée, on estime à 12.107 le nombre d’emplois perdus dans le secteur privé contre 4.098 au cours des six premiers mois de 2016.
Les mesures d’austérité des Programmes d’ajustement structurel des années 80-90 (limitation des embauches dans la Fonction publique, réduction des effectifs et privatisation des entreprises d’État et autres), ont poussé l’État à se désengager progressivement de ses missions d’éducation et d’insertion de la jeunesse sur le marché du travail.
Au Congo, la précarité frappe surtout les jeunes de 15 à 29 ans (plus de 51% de la population active), touchés par un taux de chômage de 25% contre 16% pour l’ensemble de la population active. Ce taux dépasse les 42%, si l’on tenait compte des demandeurs d’emplois découragés. Il est trois fois plus élevé que celui des chômeurs de 30 à 49 ans et 4,6 fois plus important que celui des plus de 50 ans.
Ainsi, le chômage de masse, l’une des maladies congénitales du libéralisme, est-il nourri au Congo par une politique d’éducation nationale faiblement responsable.
Relevé ce défi, exige l’unification de l’Éducation nationale en une structure capable d’adapter les besoins en emplois de demain aux formations d’aujourd’hui, sans sacrifier l’employabilité de la population active actuelle.
Désormais, les congolais ont besoin d’un système productif cohérent articulant l’industrie et les services de qualité, notamment publics, pour bâtir un nouveau mode de développement solidaire fondé sur les emplois stables, qualifiés et bien rémunérés. Il s’agit de répondre aux besoins socio-économiques et combattre la précarité, la pauvreté et les inégalités.
Germaine Mapanga