Congo - Aviation: Incapacités managériales à ECAir où les aéronefs sont cloués au sol pour cause d'impayés

Les avions d’Équatorial Congo Airlines (ECAir), la compagnie aérienne nationale congolaise, sont cloués au sol depuis plusieurs jours déjà. Cette énième situation malencontreuse qui survient à cette compagnie pose le problème des capacités managériales de la direction d'ECAir, désormais sujettes à caution.

Vendredi 21 octobre, à l’aéroport international de Maya-Maya à Brazzaville, le trafic aérien était assuré par des compagnies qui d’ordinaire exploitent cette plate-forme, à l’exception d’ECAir.

Sur le bureau de la compagnie, les usagers désabusés pouvaient lire : « Pour des raisons opérationnelles, la compagnie ECAir vous informe que tous nos vols domestiques, régionaux et internationaux, sont suspendus. »

Cette décision est la conséquence de la mesure prise par l’Asecna, depuis le 10 octobre, de suspendre la fourniture des services de navigation aérienne à tous les vols ECAir en raison de l’endettement de la compagnie nationale congolaise créée en 2011.

Alors que la compagnie est en pleine restructuration financière, voilà qu'une autre situation vient plomber les colossaux efforts entrepris pour redonner des ailes à ECAir.

Cette dette, la direction d'ECAir n'en a pas pas parlé auprès de ceux à qui elle comptait ouvrir le capital de la compagnie, par la prise des actions. C'est comme un malade qui cacherait à son médecin certaines pathologies qui de facto compromettraient sa guérison définitive.

Il n'est pas superflu de se demander désormais, si à la direction d'ECAir, il y a bien « les hommes et femmes qu'il faut, aux places qu'il faut ».

La bonne gestion d'une entreprise tient aussi en la capacité pour ses gestionnaires, de s'acquitter dans les temps des charges inhérentes à son fonctionnement. Ce qui ne semble pas être le cas pour ECAir où l'amateurisme se ressent dans le fonctionnement. Son ardoise reste déficitaire alors qu'elle aurait du être source de revenus pour le trésor public.

Pendant sa période d'inactivité, ECAir continue de payer pour la location de ses comptoirs aéroportuaires dans les pays de desserte, si elle tient à les garder. Des dépenses infructueuses car elles ne génèrent rien en retour pour l'instant. Sans compter qu'il faudra rembourser ceux des voyageurs qui avaient déjà pris leur billet et dont certains jureront de ne plus emprunter les avions ECAir. Quelle que soit la durée d'indisponibilité, le mal est fait et pour de nombreux clients fidèles, cela risque d'être le désagrément de trop. 

À l'instar d'autres sociétés étatiques avant elle, si on n'y prend garde, ECAir sera pour l'État congolais un autre « gouffre à milliards », avant qu'elle ne sombre. Ce qui naturellement pose le problème des compétences de l'équipe dirigeante.

Comme sa défunte sœur aînée, Lina-Congo qui en son temps coula du fait de la pléthore d'un personnel fait d'épouses, maîtresses, frères, sœurs, fils, filles, neveux et nièces ou amis de tous ceux qui avaient une parcelle de pouvoir, à laquelle s'ajoutaient une gestion chaotique faite de passe-droits et de gabegie en tout genre, ECAir semble emprunter les mêmes travers.

Comment comprendre qu'une compagnie disposant d'une flotte de 7 aéronefs, encore que, puissent avoir 700 employés, soit un ratio de 1 avion pour 100 employés.

À ce rythme, on ne peut envisager un bénéfice quel qu'il soit et Fatima Beyina-Moussa ne serait pas une directrice de compagnie aérienne, mais plutôt une directrice des affaires sociales.

F. Beyina-Moussa, innamovible malgré une gestion décriée

Ses choix managériaux aussi hasardeux les uns que les autres ne sont pas de nature à offrir un avenir compétitif et fructueux à ECAir, pourtant elle est toujours là.

Il y a de quoi paraphraser de façon somme-toute personnelle Henri Lopes dans un passage de Tribaliques ; « plus j'y pense, moins j'ai envie d'écrire mon papier. On le lira peut-être. On frappera du poing sur la table, puis on le rangera dans un tiroir. Beyina ne sera pas limogée et ECAir continuera de saigner les finances publiques... ».

Benoît BIKINDOU