Du récent séjour du président congolais Denis Sassou Nguesso en Chine, on retiendra entre autres accords, celui visant la convertibilité entre le Yuan chinois et le Francs CFA. Une mesure qui si elle s'affirme, va révolutionner les échanges.
Premier partenaire économique du Congo Brazzaville, la Chine se renforce de plus en plus dans la sous-région Afrique centrale en tant que premier investisseur. Les pays de la CEMAC ont sans doute trouvé la formule devant leur permettre de se libérer du principe de parité fixe liée à la convertibilité du FCFA à l’Euro.
En 2015, la Chine est devenue le premier investisseur au Cameroun, sur les 5 milliards de dollar d'investissements directs étrangers (IDE) pour la période allant de 2000 à 2014, la Chine seule raflait 67 %.
Au Gabon, en Guinée Équatoriale, voire au Tchad, les investissements chinois croissent de façon exponentielle. Construction de stades, routes, aéroports, hopitaux et autres infrastructures visant la modernité leurs sont attribués.
De janvier 1999 à mai 2008, l’euro est passé de 1,17 à 1,59 dollar, ce qui signifie que le franc CFA, monnaie des économies jugées parmi les plus indigentes du monde, s’apprécie par rapport au billet vert. Cela ne manque pas de poser problème, car les prix des principaux produits d’exportation de la zone comme le pétrole, le bois, le café, le cacao et le coton sont libellés en dollars, tandis que ceux de leurs plus gros volumes d’importation le sont en euros.
Ainsi, se faire payer ses exportations en monnaie faible et régler ses importations en monnaie forte ne peut que donner des balances commerciales chroniquement déficitaires. De surcroît, la convertibilité du franc CFA et le régime de contrôle du mouvement des capitaux mis en place par la France en 1993 favorisent une fuite massive des capitaux en direction de l’Hexagone.
Avec l'accord signé en Chine par les présidents Denis Sassou Nguesso et Xi Jinping, dorénavant le franc CFA sera convertible directement en Yuan. Les congolais, camerounais ou gabonais pourront voyager pour la chine avec le FCFA pareil pour les chinois et le yuan. Plus besoin de Paris pour les échanges. Cela permettra à la banque centrale de la CEMAC de créer une caisse de compensation pour le Yuan.
Ce mécanisme s’appliquera entre les pays d’Afrique centrale et les autres partenaires hors UE, ce qui marque sans doute un pas vers l’indépendance monétaire.
On attend de voir la réaction de la France qui dans les années 1960-1970, s'était déjà foncièrement opposée à cette pratique dans les échanges Chine et ex colonies françaises, avec des conséquences parfois dramatiques.
Mais, autres temps, autres mœurs, enfin...
Bertrand BOUKAKA