Brazzaville : A quoi servent les taxes municipales dans les marchés de Mfilou dans la mesure où toutes les denrées alimentaires destinées à la vente sont étalées à même le sol et dans la boue ?

En science politique, il y a deux choses qu’on apprend, qui sont les fondamentaux de l’Etat : c’est la fiscalité et la force publique. Lorsqu’un paysan, dans son champ, voit un policier ou un militaire qui arrive, il sait qu’il y a un Etat. Lorsqu’on demande à quelqu’un de payer un impôt ou une taxe, il sait qu’il y a un Etat. Lorsque vous voulez vendre sur un marché, vous devez payer un emplacement à la commune (bien souvent en tout cas). Cette redevance peut être considérée comme une taxe. Quelle que soit l'origine de vos taxes municipales, elles servent à financer la commune, elles font partie intégrante du budget de la ville. Cette rentrée d'argent sert à faire fonctionner la commune, elle peut aider à améliorer les infrastructures, elle peut contribuer à financer des travaux et des aménagements qui sont utiles pour les enfants ou pour l'ensemble des habitants de la municipalité…Le recouvrement au sein des différents marchés municipaux répond donc à une réglementation en vigueur. La question se pose tout de même de savoir pourquoi, en dépit du paiement des «droits de place », 100 FCFA par commerçant et du lundi au samedi au marché Mouhoumi à Mfilou, les commerçants installés anarchiquement, sur l’avenue de l’étage, font tout de même l’objet de déguerpissement et de saisine de marchandises et autres actes déplorés, alors qu’ils s’acquittent de leur devoir. Quel serait l’objectif visé par la Mairie de Mfilou lorsqu’elle prélève des taxes auprès de ces commerçants «anarchiques» et procède parallèlement à leur déguerpissement?

Pour ce qui est des étals et «commerçants par terre», au marché Mouhoumi dans le 7e arrondissement de Brazzaville, la taxe est journalière : 100 FCFA. Un droit dont s’acquitte au quotidien cette franche de commerçants.

Ne serait-il pas judicieux pour la municipalité de Mfilou de construire un marché à visage humain cette année pour permettre à cette franche de commerçants de vendre des denrées alimentaires dans des conditions idoines et dignes ?

C’est un truisme de dire que l’insalubrité constitue une véritable menace à la fois sur l’environnement et sur la santé, surtout lorsqu’elle affecte le bien-être à nous tous.

Au niveau du petit marché, avenue de l’étage au quartier Mouhoumi, dans le 7e arrondissement de Brazzaville, c’est un dépotoir d’ordures qui côtoie les marchandises, y compris les aliments étalés par les commerçants pour la vente.

Du poisson frais et fumé, de la viande, des légumes et fruits, etc., toutes ces denrées alimentaires destinées à la vente sont étalées à même le sol dans ce marché et le long de la chaussée sans aucune mesure d’hygiène.

Un sol terreux détrempé par les pluies qui s’abattent régulièrement sur la ville de Brazzaville, des émanations infectes des eaux d’égouts ainsi que des déchets ménagers qui jonchent le sol, sous le regard admirateur et complice des collecteurs des taxes municipales.

C’est dans ce décor insalubre que les vendeuses et commerçantes exposent leurs marchandises au marché Mouhoumi.

Le trottoir, colonisé par les commerçants, contraint les piétons à marcher sur la chaussée courant le risque de se faire renverser par des véhicules ou taxis motos.

Pendant la saison des pluies, ce marché prend les allures d’une mare d’eau boueuse. Et il pose un problème sanitaire à la population, surtout aux commerçants et aux clients.

C’est en se pinçant le nez que la plupart des clients viennent y faire leurs emplettes.

Résignés, les commerçants de ce marché vendent leurs produits sans le moindre respect des conditions et normes d’hygiène dans un inquiétant ballet des essaims de mouches qui se posent sur les denrées alimentaires.

Les riverains doivent cravacher dans cet enfer boueux quand il pleut. Un véritable patinage artistique qui impose que chaque riverain s’arme d’une paire de chaussures de secours.

A quoi servent donc les taxes municipales dans les marchés de Mfilou dans la mesure où toutes les denrées alimentaires destinées à la vente sont étalées à même le sol  sans aucune mesure d’hygiène ?

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville