Littérature : « Attrape et farce de monarque Congo », le livre de l’écrivain congolais Richard Ossoma-Lesmois

Le Congo Brazzaville est actuellement pris dans une crise financière et sanitaire de grande ampleur, pourtant la création littéraire reste active, en témoigne la parution de « Attrape et farce de monarque Congo », du juriste et écrivain congolais, Richard Ossoma-Lesmois paru aux éditions Edilivre.

Dans cet ouvrage de quatre-vingt-huit pages, le juriste et écrivain congolais, tire quelques enseignements de l’élection présidentielle organisée au Congo-Brazzaville, le 21 mars 2021 ayant conduit à la victoire sans surprise de Denis Sassou N’Guesso, pour un nouveau mandat de cinq ans.

Richard Ossoma-Lesmois fait ressortir trois points importants dans son ouvrage. Dans le premier point lié au fait particulier ayant marqué le scrutin présidentiel du 21 mars 2021 au Congo-Brazzaville, le juriste et écrivain congolais parle du décès du candidat à l’élection présidentielle, Guy Brice Parfait Kolelas, principal opposant du président congolais, Denis Sassou N’Guesso, président du parti de l’opposition UDH-Yuki. Décès survenu le 22 mars 2021 en France, lors de son évacuation sanitaire pour un malaise respiratoire provoqué par les complications du Covid-19 et d’autres pathologies de longue durée dont souffrait l’homme politique et opposant congolais.

Survenu après le jour du vote, le décès du candidat de l’opposition, Brice Parfait Kolelas a soulevé quelques atermoiements concernant l’interprétation de l’article 70 de la Constitution du 25 Octobre 2021 en matière d’incidents perturbant le processus électoral organisé dans le pays. Heureusement pour le pays, le Congo-Brazzaville, le décès de l’opposant candidat à l’élection présidentielle, Guy Brice Parfait Kolelas, décès survenu le 22 mars 2021 au lendemain du jour du vote, n'entre pas dans les cas fixés aux alinéas1er et 2 de l’article 70 de la Constitution.

Déjà, le vote avait eu lieu dans le cas du premier alinéa explique Richard Ossoma-Lesmois. Et ensuite, les résultats définitifs du scrutin n’ont pas donné lieu à un deuxième tour de l’élection présidentiel. Le président sortant, Denis Sassou N’Guesso, l’ayant emporté largement dès le premier tour, à plus de 88% des voix.

Ainsi, le pays échappe à un débat constitutionnel interminable lorsqu'on sait que, par le passé, une simple interprétation de l’article 75 de la Constitution du 15 mars 1992 avait précipité le Congo-Brazzaville dans une série de contestations politiques au gouvernement légitime issu des premières élections libres organisées dans le pays. Et puis, à la guerre civile de 1993 sous la présidence Pascal Lissouba, l'érection des barricades dans les grandes artères de la capitale, Brazzaville selon les clivages factuels imposés par les dirigeants politiques, sous fond d'un gouvernement consensuel surréaliste réparti à raison de 40 pour cent des représentants de l'opposition, et 60 pour cent des représentants de la majorité présidentielle. Le compromis politique survenu en méconnaissance totale des dispositions de la Constitution d'alors du 15 mars 1992. Quand bien même cet incident constitutionnel qui avait fait basculer la majorité parlementaire à l'opposition puis, conduit le Président Lissouba à dissoudre l'Assemblée nationale, constituaient des causes lointaines à la première guerre civile congolaise de 1993 survenue sous l'ère du multipartisme. Le conflit inter-tribal qui a fait 10 000 morts, opposait alors les partisans de Bernard Kolélas aux partisans du Président Pascal Lissouba. En plus d'importantes dégradations matérielles. Autre conséquence, l'élection présidentielle pourtant prévue en août 1997 conformément aux délais constitutionnels fixés, n'aura jamais lieu. Puisqu'une 2ème guerre civile plus meurtrière, la guerre civile du 5 juin 1997 faisant 30 000 morts, avait interrompu le processus.

Quant aux enseignements, le premier tiré du scrutin présidentiel du 21 mars 2021, écrit l’auteur, est relatif à la maturité de la classe politique et la société congolaise à ne pas céder au spectre des contestations générales. L’absence des candidatures d’autres grands partis de l’opposition congolaise, l’Upads, le MUST ou le groupe de partis Frocad, n’a pas entraîné de boycott du scrutin. Au contraire, les Congolais ont exercé massivement leur devoir civique. La résignation des dirigeants politiques envers un scrutin rendu irréversible par les dispositions constitutionnelles et la loi électorale d’une part ; la Concertation politique de Madingou tenue le 26 novembre 2020, quelques mois avant la date du scrutin présidentiel, d'autre part.

Le deuxième enseignement positif tiré du scrutin présidentiel du 21 mars 2021 est le respect du calendrier constitutionnel, et le non recours à une révision constitutionnelle. Confirmation de l’acceptation des mécanismes classiques d’une démocratie et les vertus d’une République de progrès. Deux actes majeurs expliquent cet enseignement : le premier acte, les délais constitutionnels imposant une fin d’exercice de mandat présidentiel ont été respectés. D’ailleurs, citant l’article 69 de la Constitution, le Président congolais, Denis Sassou N’Guesso, l’avait souligné lors de son message sur l’état de la nation devant les parlementaires réunis en Congrès, le 22 décembre 2020 à Brazzaville. Par le fait, le Congo-Brazzaville tournait selon les mécanismes classiques d'une démocratie.

Le troisième enseignement à tirer du scrutin présidentiel organisé le 21 mars 2021, la carence des matrices idéologiques chez les partis politiques de l'opposition. L'absence de corpus idéologique composant les projets intéressants de société susceptibles de drainer les Congolais vers un nouveau rêve social à côté du rêve politique ordinaire. Aussi, les limites de l'opposition obsessionnelle au gouvernement ou à la recherche désespérée de collectif des courants de l'opposition. Une pratique lassant pour les Congolais déjà habitués aux oppositions systématiques sans idéologie nouvelle ni en termes des enjeux actuels de développement, tels Internet, place des femmes dans l'appareil d'Etat et l'entreprise, protection de l'enfance et prévention de l'enfance délinquante, éducation. Ni même par rapport aux enjeux de demain, entre autres, le design urbain en relation avec l'écologie, l'agriculture véritablement commerciale pour diversifier l'économie congolaise basée essentiellement sur les recettes pétrolières, la santé et la recherche médicale pour redynamiser les districts sanitaires de base, l'interconnexion de la jeunesse congolaise, africaine et européenne via les ONG et autres organismes de développement socio-culturel ; la présence dans la finance internationale pour attirer les investisseurs internationaux vers le pays, le Congo-Brazzaville.

A travers son ouvrage « Attrape et farce de monarque Congo », Richard Ossoma-Lesmois, demande aux Congolais de s’habituer déjà à la Constitution, aux lois ordinaires ainsi qu’aux mécanismes du pluralisme qu’ils ont adoptés eux-mêmes à différentes épopées de leur histoire collective. Parce que les remises en causes permanentes des institutions soit, par des changements pittoresques de Constitution ; soit, par des dialogues politiques à répétition sans impact réel sur le bien-être général des populations, freinent parfois des bons élans d’émergence sociale, économique et l’excellence environnement pris par le pays depuis 2002.

En conclusion, le juriste et écrivain congolais, pense qu’aucune Constitution n’est parfaite, à part la démocratie elle-même. Aucune forme de régime politique ou institutionnel n’engendre une forte adhésion des populations, sauf le pluralisme d’approches et les mécanismes de représentation des citoyens. Il convient donc de fonder une société policée sur la culture, la constitution, la bonne gouvernance politique et le bonheur de tous. Parce que l'ignorance, l'oubli ou le mépris de la Constitution et des droits de l'homme précipitent inéluctablement aux malheurs publics et à la corruption des gouvernements successifs au Congo-Brazzaville.

Né le 30 décembre 1976 à Macouria, résidant à Fontenay-sous-Bois en France, Richard Ossoma-Lesmois est juriste spécialisé en Droit international public et Droit humanitaire.

Passionné pour les belles lettres, il est également écrivain.

ROL/ Les Echos du Congo-Brazzaville