Pointe-Noire : Une rue pour honorer la chanteuse congolaise Mamie Claudia

Une rue Mamie Claudia vers fond Tié-Tié à Pointe-Noire, en mémoire de la chanteuse congolaise. Les habitants de la ville océane saluent le geste patriotique du Conseil municipal de la capitale économique du Congo. Une reconnaissance amplement méritée pour avoir porté haut l’étendard de la musique congolaise très loin des frontières nationales. Cette reconnaissance par la ville de son enfance vaut son pesant d’or.

Bonne nouvelle pour la chanson congolaise et pour les artistes congolais. Mamie Claudia a désormais une rue à son nom à Pointe-Noire. La décision a été prise par le Conseil municipal de la ville océane pour honorer, de la plus belle manière, celle qui s’est révélée en 80, chanteuse exceptionnelle, dans le courant « nouvelle vague » à Abidjan où elle a connu ses meilleurs moments qui s’ouvrent par un manifeste : « O kana ngaï », bien servie par une voix langoureuse.

Très vite sa carrière monte en flèche, et elle va bâtir une œuvre très personnelle marquée par un souci constant de qualité. Mamie Claudia, une grande artiste à tout faire, une grande interprète de la « Rumba-Folk » que ce genre musical très particulier ai connu. Une grande dame dont la vie et la fin ont été particulièrement dramatiques, et pour laquelle le Conseil municipal de Pointe-Noire traduit sa reconnaissance à travers cette rue.

Il y a 22 ans, c’était le vendredi 20 Novembre 1998, à Abidjan (Côte d’Ivoire) que Mamie Claudia a rendu l’âme, des suites d’une hémorragie cérébrale. La crise est survenue à son domicile à Abidjan. Elle a été admise dans un centre sanitaire où elle a passé dix jours dans le coma.

L’une des plus remarquables chanteuses de la musique congolaise était décédée brutalement à Abidjan, où elle s’était de nouveau installée en Juillet 1998.

De son vrai nom, N’zonzi Mathurine, Mamie Claudia est née en Juin 1957, à Brazzaville. C’est dans les années 80 que le public le découvre comme artiste musicienne. Cependant, elle a été longtemps auparavant initiée aux préceptes de la musique par ses cousins, Nzongo Soul et Théo Blaise Nkoukou qui figurent eux aussi parmi les têtes d’affiche de la musique congolaise.

Après son admission au Baccalauréat, Mamie se rend à Abidjan, où elle obtient un BTS (Brevet Technique Supérieur) en comptabilité. C’est dans cette ville qu’elle débute sa carrière musicale en publiant son premier album intitulé : « O kana ngaï », en 1985. Elle venait d’ailleurs de divorcer d’avec son époux. Cela pourrait expliquer le ton alarmiste que revêt cette chanson. Plusieurs titres vont suivre, « Mwana ya banda », « Chérie Clo », « Tala tala, » etc. Toutes ses chansons font un tabac et révèlent au grand jour, la jeune artiste dans les milieux musicaux africains et européens. Très admirée par les enfants, surtout lors des fêtes de Noël, où elle électrisait le public, par son charme et ses tours de reins.

En effet, Mamie Claudia est en vogue quand elle regagne Brazzaville en 1989. Les congolais n’ont pas eu l’occasion de pouvoir l’apprécier par les disques (trois albums au total). Mais l’importance que revêtaient ses productions en public lui ont permis de se livrer à des passionnants récitals au cours desquelles ont éclaté son sens profond et sa parfaite connaissance de l’idiome « solo » que plusieurs brazzavillois ont beaucoup apprécié pendant les manifestations « Congo Vision » avec son duo avec Freddy Kebano et « La nuit des dames » aux côtés des grandes vedettes africaines, Aicha Koné, Monique Seka… pendant le Fespam, en Août 1996.

Son tour de chant avait gardé la puissance, la rigueur et une résistance tout à fait exceptionnelle au temps.

Par ailleurs il convient de signaler que Mamie Claudia a été un membre influent de l’U.N.M.C. (Union Nationale des musiciens congolais). En tant que chargée de la communication, elle exprimait, toujours avec un franc-parler ses idée parfois d’une manière dérangeante, ce qui lui a valu le titre de « Dame de fer ».

A la fin de la guerre civile de 1997 à Brazzaville, qui a entrainé le pillage de ses biens comme c’est fut le sort de nombreux autres brazzavillois, l’impératrice Mamie Claudia s’apprêtait à publier un nouvel album dans lequel elle exprime son art de cœur.

Si Mamie n’a pas laissé d’enfant, elle a tout de même légué aux jeunes musiciennes congolaises un exemple. Celui d’une femme qui a su s’imposer dans le monde du spectacle.

Ses fans se souviendront encore longtemps de ses chansons.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville