Sur l’une des rives du fleuve Congo, sur ces terres où est née l’essentiel de la substance de son roman autobiographique, Henri Lopes a présenté l’ouvrage ‘’Il est déjà demain’’, avant de le dédicacer. La cérémonie s’est déroulée au Radisson Hôtel de Brazzaville, en présence du monde littéraire, et de nombreux invités.
Peut-être, est-il ici, le lieu de témoigner de ce livre dont j’ai tiré le plus grand bien.
« Il est déjà demain ». Le titre du roman de Henri Lopes rappelle les paroles de cette chanson si mélancolique de Georges Moustaki : « … Mon enfance est si loin, il est déjà demain. Passe, passe le temps, il n’y en a plus pour très longtemps ».
En lisant le livre de Henri Lopes (un autre chef-d’œuvre, comme il sait en produire sans tam-tam), ceux qui comme moi sont nés dans la décennie 60-70 rouvrent des pages d’histoire dont les faits s’inscrivaient en pointillés dans leur mémoire d'adolescents secoués par des évènements dont ils comprenaient vaguement le sens et la portée.
Soudain, ces faits prennent forme, avec un brin de mélancolie, comme si l’on résolvait enfin une énigme pour laquelle on a trimé au long des ans.
C’est bien une espèce de pleurer-rire que de remonter ce temps dont les clichés en sépia revoient à chacun une partie de lui-même, celle de son histoire, l’histoire commune.
Soudain, on comprend mieux les Hommes, Les Choses, les Idées et les Faits dont la narration n’est pas seulement « un récit des évènements passés », mais un substrat qui illumine un destin commun.
Véritable roman à tiroirs, il suffit pour le lecteur (surtout congolais ou africain) d’en tirer un, et d’y trouver autant de choses dépoussiérées par l’auteur et qui à coup sûr, renvoient au lecteur un peu de cette image de lui-même derrière laquelle il courrait en vain depuis si longtemps.
À 15 ans, mon professeur de français qui avait décelé mon goût pour la lecture, me prêtât le recueil de nouvelles ‘’Tribaliques’’ de Henri Lopes. Fasciné par cette thématique qui épousait mon quotidien, j’adoptais alors l’auteur comme un de mes écrivains congolais favoris, avec Sony Labou Tansi bien-sûr, des années plus tard.
J’ai relu Tribaliques avec un regard d’adulte, et la thématique demeure actuelle.
À la cinquantaine bien sonnée, l’auteur dissipe enfin mes doutes et mes errements, sur des pans entiers des faits qui ont marqué et façonné une partie de ma vie d’homme et de citoyen du pays qui m’a vu naître.
À travers l’histoire moderne du Congo, sans doute, ne savons-nous pas, où nous allons. Avec ''Il est déjà demain’’, Henri Lopes nous montre au moins, d’où nous venons.
Guy Tirolien ne disait-il pas dans la préface d’un ouvrage de l’auteur : « Bravo Henri, continue de nous jouer de la bonne musique ». Et celle de ‘’Il est déjà demain ‘’ se savoure avec un zest de mélancolie, comme savent en procurer les chefs-d’œuvre.
Benoît BIKINDOU/Les Échos du Congo-Brazzaville