Congo – Musique : Roga-Roga en passe de gagner sa « bataille de Paris »

Menacé d’annulation, suite aux pétitions et autres intimidations de certains groupuscules congolais du milieu parisien, sauf changement de dernière minute, suite aux évènements qui évoluent d'heure en heure, le concert de l’artiste Roga Roga aura bien lieu ce samedi soir au palais des congrès à Montreuil, mais sous haute surveillance, le ministère de l'intérieur français ayant décidé d'y impliquer les services de l'État pour le maintien de l'ordre.

Initialement programmé au Bataclan, puis au Palais des Congrès Paris-Est de Montreuil, le concert du groupe Extra Musica de Roga Roga aura bien lieu, à Montreuil, dès 19 heures, et jusqu’à minuit, sous haute surveillance.

Le doute sur la tenue de ce concert planait à la suite de nombreuses menaces reçues par le propriétaire du Palais des Congrès, Robert Harroch, et même par certains Montreuillois, qui ont eu la surprise de trouver des lettres anonymes au ton intimidant dans leur boîte aux lettres.

« J’ai reçu une lettre de menaces de violences par mail concernant le concert de Roga Roga, accompagnée d’une photo d’une personne, revolver en main. J’y ai répondu, affirmant que j’allais déposer plainte », a confié Robert Harroch, le propriétaire du palais des congrès, qui a été assailli de coups de fil véhéments.

Ces menaces, dont certaines font mention de violences, voire de mort, sont l’œuvre d’activistes congolais, appelés les « Combattants ». Ces derniers s’opposent à toute représentation artistique de chanteurs congolais, qu’ils accusent de faire passer des messages en faveur du président Denis Sassou-Nguesso à travers leurs chansons.

« J’ai tenté de faire annuler ce concert, par peur pour le public. En face, le manager de Roga Roga était catégorique, et voulait que ce concert ait lieu », a expliqué Robert Harroch.

« Il n’y a aucune raison d’annuler le concert. Par précaution, un dispositif important de sécurité sera déployé, mais il n’y a aucune inquiétude à avoir », nous a assuré Bertrand Bebert Etou, manager de Roga Roga.

Après une longue réunion tenue vendredi, plusieurs mesures de sécurité ont été conclues. « D’abord, nous avons changé de salle de représentation dans le Palais des Congrès. On a choisi une salle dont l’accès se fait par la rue Marcel-Dufriche, qu’on va privatiser. Ce qu’on ne pouvait pas faire avec la rue de Paris, par où le public aurait dû passer initialement », a expliqué Robert Harroch.

De son côté, « le producteur de Roga Roga a fait appel à une agence de sécurité qui déploiera une trentaine d’agents et deux maîtres-chiens, en plus des dix agents dont quatre agents incendie que nous possédons », a expliqué le président du Palais des Congrès.

En plus de ce dispositif, de nombreux policiers seront déployés dès le début de journée, pour assurer et veiller à la sécurité des lieux.

Reste que le deuxième défi à relever, sera celui de l'affluence au concert, un soir de finale de champion's league. D'autre part, le saccage de la salle et des alentours du lieu du spectacle, avec de nombreux véhicules incendiés ou détruits dans la nuit de vendredi à samedi, risque d'amener le maire de Montreuil à réviser sa position sur cet évènement qui s'annonce des plus explosifs dans sa ville, au point de dissader de nombreux mélomanes à se déplacer. Dire que rien n'est vraiment gagné pour Roga Roga.

Quoiqu'il en soit, Roga Roga peut déjà brandir son étendard pour cette première bataille remportée, celle du principe du droit à prester. Une victoire dont on aura sans doute les échos dans ses prochaines chansons.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville