Congo : ouverture du procès des élèves poursuivis pour avoir remplacé le drapeau de leur lycée, le premier du genre dans la lutte contre l’incivisme en milieu scolaire

Le procès s’est ouvert mardi 20 février 2024 devant la sixième chambre correctionnelle du tribunal de la capitale congolaise. Dix-sept élèves du lycée technique 5-Février-1979 de Brazzaville sont inculpés pour « dégradation d’un objet d’utilité ou de décoration publique ».

L'audience a duré près de six heures, dans une salle pleine à craquer. Au départ de quatorze, le nombre des prévenus est passé à dix-sept après inculpation de trois témoins.

Tous ont été entendus, et ils ont pour certains reconnu partiellement les faits, mais sans expliquer pourquoi ils ont remplacé le drapeau vert-jaune-rouge par une étoffe bleue nuit, couleur de leur uniforme.

D’autres ont affirmé avoir été interpellés dans la confusion ou par un excès de zèle des policiers. C’est le cas d’un ingénieur informatique qui s’est interposé lors de l’interpellation de son jeune frère, élève du lycée technique. Il a bénéficié d’une liberté provisoire.

« C’est pas une victoire, mais un sentiment de joie simplement. J’aurais bien voulu que la police congolaise fasse des enquêtes approfondies. Parce que, en écoutant les déclarations des uns et des autres, on se rend compte qu’il ya des élèves qui ont été interpellés, mais en réalité n’ont rien fait », a déclaré Me Haris Kissouésoué, avocat de la défense.

Me Haris Kissouéssoué a dénoncé le fait que certains lycéens impliqués dans cette affaire soient en cavale.

L’audience a été suspendue et reprendra le 27 février prochain par l’audition des témoins, notamment les responsables du lycée.

Ce procès est le premier du genre dans la lutte contre l’incivisme en milieu scolaire au Congo-Brazzaville. Il vise à servir d’exemple.

Les élèves du lycée technique et commercial 5-février de Brazzaville ont renoué avec le chemin de l’école la matinée du mardi 20 février, avec plus de discipline après le regrettable incident ayant poussé à la fermeture de l’établissement scolaire, le 12 février dernier.

Le lycée technique et industriel 5-février avait été fermé à titre conservatoire suite à la profanation du drapeau national. Le 5 février dernier, en effet, jour anniversaire de cet établissement éponyme, des élèves de l’autre lycée technique et commercial 1er-mai avaient effectué le déplacement de Ouenzé pour la célébration.

Ces lycéens, repartis en écuries de "Bébés noirs", avaient tenté de déchirer le drapeau national qui avait finalement été descendu du mât puis remplacé par le leur de couleur bleue de nuit, avec une inscription blanche à peine visible. « Après l’armée, c’est nous », pouvait-on lire sur la vidéo qui retrace la scène, devenue virale sur les réseaux sociaux.

Par conséquent, le gouvernement avait suspendu les équipes de maîtrise dudit lycée. Quinze élèves avaient été interpellés puis présentés au procureur de la République, le 13 février, pour avoir porté atteinte au symbole de la République et à l’ordre public.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville