Congo – Santé : Après les catastrophes de Mvoungouti et du 4 mars nos hôpitaux n’ont-ils toujours pas de plan blanc ?

Un accident de la route survenu samedi 27 mai à Brazzaville et impliquant près d’une vingtaine des éléments de la gendarmerie, a une fois de plus mis au jour le niveau d’impréparation des structures hospitalières congolaises, en cas d’afflux soudain de patients, suite à une catastrophe. La prise en charge hasardeuses des blessés, qui plus est, à l’Hôpital Central des Armées, censés être un établissement de référence, montre que ni des catastrophes de Mvoungouti, ou encore récemment celle du 4 mars 2012, les hôpitaux congolais n’auraient pas tiré les leçons.

Des blessés assis ou allongés à même le sol dans le couloir de l’hôpital Central des Armées, Pierre Mobengo à Brazzaville, les images ont fait le tour du monde et démontré à quel point cela frisait l’impréparation pour des personnels de santé débordés, ne sachant assurément pas quoi faire sur l’instant présent.

Laisser s’allonger à même le sol des accidentés, avec parfois des blessures ouvertes, a montré le point zéro de l’impréparation, sinon une absence d’un plan de régulation, quand on sait que ces plaies peuvent s’infecter gravement à partir de l’hôpital, surtout que l’hygiène hospitalière est un véritable problème au Congo. De nombreux malades qui entrent à l’hôpital pour une pathologie, y contractent parfois d’autres, allant jusqu’à la septicémie, du fait de l’hygiène exécrable du milieu.

Il est vrai que face à une catastrophe, les premiers instants sont toujours à une espèce de flottement, tant on accuse le coup, face à l’inattendu. Mais, une fois ces moments d’émotion passés, les protocoles y afférents se mettent en place avec une coordination somme toute naturelle, qui est en soit un déroulé des prérequis face à cette situation. Ce qui n’est autre que l’application du plan blanc ou encore plan d'urgence sanitaire.

Chaque établissement de santé est normalement doté d’un dispositif de crise, dénommé plan blanc d’établissement, qui lui permet de mobiliser immédiatement les moyens de toute nature dont il dispose en cas d’afflux de patients, ou pour faire face à une situation sanitaire exceptionnelle.

Il y est également répertoriés les établissements auxquels il peut avoir recours pour décongestionner l’afflux, ce en fonctions des plateaux techniques similaires par exemple. Le plan blanc peut être déclenché par le directeur ou le responsable de l’établissement, qui en informe sans délai le représentant de l’État, ou à la demande de ce dernier, le ministre en l’occurrence.

Le Plan Blanc intègre les orientations du schéma hospitalier et recense les moyens des établissements de santé susceptibles d’être mobilisés. Il définit les conditions de leur emploi et prévoit notamment les modalités selon lesquelles le personnel nécessaire peut-être maintenu sur place ou, le cas échéant, rappelé lorsque la situation le justifie.

Les étapes de mobilisation des moyens humains et matériels sont déclinées de façon graduées et sectorielles. Enfin, le plan blanc précise que chaque établissement de santé doit se doter d’une cellule de crise opérationnelle chargée de gérer l’alerte, ou encore la crise, pilotée par le chef d’établissement ou son représentant.

Ces éléments quasi universels enseignés aux administrateurs des services hospitaliers, permettent de sauver des vies pendant les catastrophes, ce en fonction de la réactivité dans la prise en charge des patients, une régulation efficace des patients selon les pronostics présentés, ainsi que la promptitude des personnels de santé aux rôles définis, dans la prise en charge des patients.

Tout cela a vraiment fait défaut samedi, pour en conclure que les catastrophes antérieures connues par le pays, n’auront pas fait naître auprès des gestionnaires des services de santé le sens de l’anticipation. D’ailleurs, jamais un seul hôpital congolais ne s’est livré à une espèce de manœuvre pour évaluer ses capacités à faire face à une éventualité quelconque.

Les gestionnaires des services de santé se trouvent interpellés, afin d’adapter les capacités de réactivité dans l’offre de soins, en fonction des éventuelles situations de masse qui peuvent subvenir.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville