Congo – Santé : CHU de Brazzaville, l'appel de détresse d'une directrice en panne de ressources

Action de désespoir ou indélicatesse administrative, la directrice du CHU de Brazzaville à choisi de s'adresser au chef de l'État par le biais d'une lettre ouverte publiée dans la presse. Ce procédé qui bouscule les us en la matière est symptomatique de l'état de déliquescence du CHU que Gisèle Marie Gabrielle Ambiéro Alliandzi dit être miné par des réseaux mafieux.

Dans cette note sans doute rédigée à la va-vite, parce que pleine « d'incorrections », la directrice du CHU-B dit sa détresse et son désarroi, mais surtout son incapacité à rencontrer le chef de l'État, afin de lui faire le point réel de la situation du CHU.

Pour Marie Gabrielle Ambiéro, cette situation est le fait de groupuscules mafieux opérant au CHU, ou y ayant opéré et regrettent d'en être partis. Ceux-là même qui font obstruction à ce qu'elle rencontre le président de la république.

Après la presse audiovisuelle, c'est désormais par la presse écrite que la directrice générale du CHU choisi de s'exprimer, comme faisant feu de tout bois qui peut interpeller l'opinion. Les médias sociaux qui reprennent la lettre s'en donnent à cœur-joie, sur une crise révélatrice d'un profond malaise.

Désormais c'est la guerre des clans qui semble ouverte, comme un peu partout, dans les institutions à budget de transfert et à autonomie de gestion. Les masses d'argent que l'on y brasse, parfois sans commune mesure avec celles de la tutelle administrative, ne manquent pas de conduire au clash. Le cas de l'ARCPE et le ministère des Postes et télécommunication en dit long.

Mais, au CHU, c'est tout autre chose. Ici, il ne s'agit pas seulement d'argent, dont tout le monde veut s'en mettre plein les poches. Derrière cet argent, le bilan se chiffre en terme de cadavres, ou de vies à sauver, cela est plus grave encore et l'urgence s'inscrit en terme de vie ou de mort, plutôt que les intérêt des différents « parrains », voire de leurs « clans ».

Car, comment comprendre, qu'alors que tous les secteurs névralgiques de CHU sont à l'arrêt, compromettant sérieusement la vie des malades, la priorité de la tutelle a été de commettre un cabinet pour un audit de gestion sur le CHU, avec des conclusions de mauvaise gestion ventilées à grands renforts médiatiques, comme en réponse à l'appel de détresse de Marie Gabrielle Ambiéro, sur l'absence de crédits pour le CHU, et les conséquences qui en découlent.

Dans cette guerre des clochers, peut-être, ainsi que le souhaite la directrice du CHU, le moment est-il venu pour le président de la république, de sonner le tocsin de la fin de la récréation, pour enlever au CHU la plaque de « mouroir » qui lui est désormais accolée.

Au moins, Marie Gabrielle Ambiéro saura t-elle, méditer ces mots de Jules Claretie : « Tout homme qui dirige, qui fait quelque chose, a contre lui ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui font précisément le contraire, et surtout la grande armée des gens d'autant plus sévères qu'ils ne font rien du tout. »

Alors madame, puissiez-vous prendre courage, encaisser les coups et avancer sans répondre à la lâcheté de ceux que vous dénoncez. Car, ainsi que le dit Alfred de Vigny, «  Gémir, pleurer, crier, est également lâche. - Fais énergiquement ta longue et lourde tâche - Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler, - Puis après, (comme tes patients,) souffre et meurs sans parler. »

Bertrand BOUKAKA