Michel Innocent PEYA, une vision éclairée…

Il y a des hommes dont les faits, les écrits ou les instants du quotidien marquent la vie de leurs contemporains et dessinent le devenir de la postérité. Des hommes qui parfois bousculent les us pour éclairer d’une lumière nouvelle des faits anciens et en modifier l’aspect. Ils sont simplement des précurseurs…

Précurseur, Michel Innocent PEYA n’en est pas moins. Avec la publication définitive des résultats de la présidentielle du 20 mars dernier et au regard de tout le processus permissif de la nouvelle donne qui s’ouvre au Congo, on est en droit de se demander si la vision de l’écrivain-chercheur n’était pas en avance sur celle de ses contemporains.

Comme des pièces d’un puzzle s’imbriquant les unes dans les autres, la démarche de Michel Innocent PEYA contenue dans ses ouvrages s’étale désormais au grand jour par un réalisme patent.

La thématique centrale des ouvrages de Michel Innocent PEYA peut se résumer par le titre du premier livre de sa bibliographie : ''Entre le bon sens et l'alternance absolue, l'Afrique à la croisée des chemins''.

Au paradigme occidental de la démocratie, Michel Innocent PEYA oppose une perception africaine qui s’accommoderait aux valeurs africaines fondées sur le dialogue.

Pour Michel Innocent PEYA, il est temps d'opérer de réelles mutations car la démocratie à l’occidentale apparaît souvent pour les africains telle une greffe mal tolérée, sinon rejetée par l’organisme, du fait de son incompatibilité biologique et physiologique, les troubles et soubresauts sociopolitiques étant les conséquences du rejet.

Il ne fait plus aucun doute que l’homme politique s’est abondamment inspiré des travaux de Michel Innocent PEYA pour insuffler à la société congolaise cet air vivifiant à travers des transformations sociales, voire sociétales, pour le devenir des peuples.

La concertation de Sibiti, moment convivial d’échanges pour aplanir les différends dans la pure tradition « Ossambé » ou « Kinzonzi » a relevé la grandeur d’un peuple qui a pris conscience du fait que ce qui l’uni est plus fort que ce qui le divise. Le fait d’avoir raison ne signifie pas systématiquement que l’autre a tort. Michel Innocent PEYA en avait esquissé la démarche auparavant et appelé à en faire un principe d’action.

Le référendum constitutionnel a redessiné un nouveau cap pour les congolais. La présidentielle et les résultats qui en sont sortis viennent confirmer une vision qui depuis quelques temps, fait son petit bonhomme de chemin. Une vision portée par un auteur qui assoit ses théories sur des valeurs qui fondent l’Homme dans son universalité partagée.

À la croisée des « neuf » chemins, face à leur destin, les congolais ont choisi Denis Sassou Nguesso, plutôt que l’alternance absolue proposée par les huit autres « chemins ».

On comprend aisément pourquoi Michel Innocent PEYA draine des foules à chacune de ses conférences, partout où il preste, au Congo ou à l’étranger. Sa problématique interpelle, ses propos confortent l’assise intellectuelle dans une adéquation harmonieuse des théories qui se vérifient par des pratiques existant ou ayant existé.

La jeunesse de l’université Marien Ngouabi l’a si affectueusement adopté pour « YAYA » à dessein.

La démarche de Michel Innocent PEYA se place dans une vue diachronique, dans une conception dialectique de l’histoire où tout phénomène est soumis à cette disposition irréversible à se transformer, à évoluer, à s’améliorer ou alors à s’abîmer, à dépérir, à disparaître.

Puissent les congolais lui en reconnaître les mérites, les africains aussi.

Bertrand BOUKAKA