Congo – Parlement : Un député est porté-disparu, le bureau de l'assemblée reste muet

Député de Lékana, ancien ministre, président du CADD, André Okombi Salissa n'est ni visible, ni entendu depuis quelques mois déjà. Dire que l'homme se serait subitement volatilisé, au point d'en déduire qu'il est porté disparu.

« Okombi ? Mais, tu ne connais pas la nouvelle ! Il est désormais loin. C'est là, au pont du Djoué, qu'il était passé, au nez et à la barbe des militaires, à bord d'une ''moto Djakarta'', casquette vissée sur la tête ».

Tels sont parmi tant d'autres, les ragots que l'on entend à travers les rues de Brazzaville où depuis bientôt six mois, « Okombi-tout-bouge » a cessé de bouger.

Mais où est donc passé André Okombi Salissa ? Alors que son mandat s’achève en principe le 15 juillet 2017, le député de la circonscription unique de Lekana, ne siège plus depuis lors à la chambre basse du parlement. Officiellement, nulle correspondance d'excuse, justifiant son indisponibilité ou son empêchement n'aurait été reçue par le bureau de l'assemblée.

Cette absence, comme celles d'autres députés dans la même situation ou régulièrement absents, semble bénéficier d'un vide juridique qui conforte tout le monde, au cas où...

Rumeur ou réalité, le suppléant d'André Okombi Salissa siégerait dorénavant à sa place. Le bureau de l'assemblée n'a ni confirmé ou infirmé officiellement cette rumeur.

Alors, dans les conditions d'une indisponibilité constatée, à quand l'élection partielle dans cette circonscription de Lekana devenue sans député ?

Le député de Lekana pointe désormais aux abonnés absents

Entre-temps, les actions de police se suivent chez Okombi Salissa et auprès de ses proches. Perquisition de domiciles par ici, arrestation de proches par là,  ou encore des « saisies d'armes et de munitions chez l'une de ses épouses », ainsi que l'on rapporté certains journaux de la place. Lesquels journaux ont même affirmé que désarmés naguère, le pasteur Ntoumi et les ninjas se seraient réarmés grâce à l'approvisionnement en armes et munitions d'André Okombi Salissa.

Difficile de démêler le vrai du faux car, même le pouvoir judiciaire semble inhibé. Il n'a à ce jour pas demandé la levée de son immunité parlementaire, même si André Okombi Salissa est devenue un député « fantôme ».

Le gouvernement non plus, ne communique pas et n'anticipe pas. Il en sera ainsi jusqu'au jour où il se sentira accusé, d'une façon ou d'une autre dans cette affaire. Alors, le gouvernement livrera comme à son habitude, son démenti officiel, méconnaissant même le principe « qu'un démenti ne suffit pas à effacer tout le mal que peut causer une nouvelle erronée ».

Entre-temps les ragots vont bon-train. Il faut bien que la rue trouve réponse à des questionnements complexes, surtout en ces temps où tous les yeux et les oreilles sont orientés vers la situation du Pool, on se délecte des ''scoops'', d'où qu'ils viennent.

Pendant que certains affirment mordicus qu'André Okombi Salissa qui serait passé au pont du Djoué à bord d'une moto Djakarta, aurait rallié Boko-Songo puis atteint Kimongo, à quelques encablures du Cabinda, où un hélicoptère affrété par le président Do Santos l'aurait récupéré, car une de ses sœurs serait la maîtresse de Do Santos, d'autres affirment, pince-sans-rire, que trois généraux influents l'auraient exfiltré de Brazzaville à bord d'un taxi, vers Impfondo, puis, hors du Congo, d'autres encore le confirment être présent aux États-Unis.

Entre-temps, lui fait le mort. Mais, où est-il ?

Bertrand BOUKAKA