CPI – France : Nicolas Sarkozy attendu à la Cour Pénale Internationale

L'ancien président français Nicolas Sarkozy avait en son temps, fait de la question libyenne une affaire personnelle. En chef de Armées françaises, il avait conduit une guerre pour non seulement régler ladite question, mais surtout éliminer Mouammar Kadhafi, installant de facto dans le pays, un chaos indescriptible dont nul ne veut assumer les conséquences ni rendre des comptes.

Le 20 octobre 2011, deux mois après la prise de pouvoir par le Conseil national de transition piloté depuis Paris, les Forces spéciales françaises stoppaient le convoi du guide de la jamahiriya arabe lybienne, dans les environs de Syrte. Plutôt que d'en faire un prisonnier de l'OTAN qui avait dans le pays un mandat d'engagement, afin de devoir répondre devant la justice internationale des méfaits dont on l'accusait, Mouammar Kadhafi fut livré aux forces qui lui étaient hostiles qui l'exécutèrent illico.

De Paris, le commandant-en-chef des Armées françaises avait suivi l'opération de minute en minute, dans ses moindres détails, jusqu'à son épilogue.

Les faits semblent le prouver, la mort de Kadhafi, c'est le but même, la mission essentielle de l'engagement français, ou plutôt celui de Nicolas Sarkozy : faire taire un témoin gênant qui de par ses révélations, risquait de détruire toute sa carrière politique.

Entre les conséquences du désordre né en Libye, du fait d'une guerre menée unilatéralement par les occidentaux, occultant toutes les tentatives africaines de règlement du conflit, et les révélations du financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy, il y a de quoi ouvrir une information judiciaire par le tribunal pénal international.

Aujourd'hui, les preuves sont réunis pour que la procureure générale de la Cour pénale internationale Fatou Bom Bensouda, si prompt à inculper les africains rendent justice en initiant une enquête visant Nicolas Sarkozy.

Profitant de son statut de président français l'homme aurait, comme tout bon parrain de la mafia, éliminé un ancien allié avec lequel il s'affichait et qui lui aura tout donné, du « liquide » en l’occurrence.

Après la commission de leur forfait, Nicolas Sarkozy et l'OTAN dont la France était la tête-de-pont n'ont pas assuré le service après-vente, laissant se déliter derrière eux un pays naguère structuré.

Depuis, c'est la chienlit. Outre la guerre entre factions rivales qui a ravagé tout le pays, en Libye prolifèrent des réseaux de passeurs de migrants vers l'Europe, avec des naufrages aux bilans aussi lourds les uns que les autres, faisant de la méditerranée un cimetière marin.

Après la quasi fermeture des frontières de l'Europe par l'Italie, les passeurs se sont transformés en négriers, faisant des migrants des esclaves vendus aux enchères.

Autant de dossiers sur lesquels Fatou Bensouda devrait se pencher, même pour la forme, quand on sait que depuis la révélation de ce qui apparaît comme la vraie raison de l'élimination de Mouammar Kadhafi, c'est à dire, le réduire au silence, Nicolas Sarkozy se bat comme le diable dans un bénitier, à multiplier des dénégations, comme si nulle affinité, n'avait existé entre Kadhafi et lui.

Mouammar Kadhafi n'était pas un saint homme. De nombreux libyens et africains voulaient bien qu'il rendent des comptes tôt ou tard. Mais son exécution à la Lumumba a des conséquences pour lesquelles il faut bien que les initiateurs s'expliquent, même pour l'histoire.

Ainsi Fatou Bensouda prouvera qu'elle n'est nullement comme certains l'accusent, « au service des impérialistes occidentaux ». De même elle fournira la preuve que son tribunal n'est nullement prompt à poursuivre uniquement les africains.

Lumumba avait dit en son temps : « Si je meurs, c'est qu'un blanc a armé la main d'un noir comme moi pour me tuer ». Puisse Nicolas Sarkozy payer pour les "crimes contre l'humanité" qu'il a engendré.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville