Gabon : Des infirmiers et médecins gabonais en formation à Paris

Le gouvernement gabonais a pris l’engagement de former son personnel de santé en France. L’initiative paraît louable dans un pays où le système de santé reste encore fébrile. Pour en savoir un peu plus, Les Echos du Congo Brazzaville ont accordé cette semaine à Paris, une interview exclusive au Dr Wenceslas YABA Epidémiologiste, Expert en Santé Publique et Organisation des systèmes de soins, Coordonnateur Général de la coopération hospitalière et sanitaire entre la France et le Gabon, Directeur Général Adjoint du CHU de Libreville.

Les Echos du Congo Brazzaville : Depuis quelques mois, le Gabon s’est spécialisé dans l’exportation de ses infirmiers et médecins auprès de la France pour des formations de renforcement des capacités. Est-ce qu’on peut en savoir un peu plus de cette initiative ?

Wenceslas YABA : Le Jeudi 27 Mai dernier, un accord cadre a été signé entre le Gabon et la France, représentée respectivement par le 1er Vice-Premier ministre en charge de la santé, de la solidarité nationale et de la prévoyance sociale d’une part et Le ministre Martin HIRSCH, Directeur Général de l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris (A.P.H.P), le plus grand complexe hospitalier d’Europe. A mon initiative, le Directeur Général de l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris, Mr Martin HIRSCH a visité le Centre Hospitalier Universitaire de Libreville au Gabon, le samedi 10 Octobre 2015 entre 18h et 19h30 min. Cette visite s’est effectuée en présence du Dr Eric BAYE, Directeur Général de ladite structure hospitalière. Pour formaliser ces échanges, le Dr Eric BAYE en sa qualité de Directeur Général du CHU de Libreville, a adressé à Mr Martin HIRSCH la correspondance N° 664/MSPSSN/CHUL/DG du 29 Octobre 2015 portant « Demande de partenariat et d’assistance ». C’est dans ce cadre que je me suis rendu au siège de l’APHP à Paris, le 02 Novembre 2015 pour des séances de travail qui marqueront le début effectif de cette coopération. Sensible à cette coopération très importante, permettant d’aboutir inexorablement à l’amélioration durable des conditions de prise en charge des populations gabonaises, le 1er Vice-Premier ministre Paul BIYOGHE-MBA a pesé de tout son poids et avec une dextérité remarquable pour que cette coopération connaisse le succès qu’on lui reconnait aujourd’hui.

Les Echos du Congo Brazzaville : Combien d’infirmiers ou médecins gabonais sont déjà dans les différents CHU de Paris pour la formation ?

Wenceslas YABA : Il faut signaler que la première vague est arrivée au mois d’août dernier à Paris. Ils sont à Bicha et à Necker. Je viens d’accompagner cette semaine 7 à l’hôpital Sainte Antoine. 13 arrivent au mois de novembre prochain et 10 au mois de décembre de la même année. Le but c’est de former notre personnel de santé dans tous les domaines possible pour mieux soigner les patients.

Les Echos du Congo Brazzaville : Grace à une politique engagée depuis 2009, le système sanitaire au Gabon se développe avec la réhabilitation et la construction d’hôpitaux dans le pays. Mais derrière cette réussite tout n'est pas rose M. le DGA ?

Wenceslas YABA : On a souvent présenté la santé comme étant la principale réussite du régime d’Ali Bongo Ondimba qui a été réélu avec succès par le peuple gabonais le 27 août dernier. Si les infrastructures suivent la mutation de ce secteur en plein essor, le déficit en ressources humaines, notamment en médecins spécialisés, reste un problème majeur. L'État a investi massivement dans les hôpitaux et les centres de santé sur tout le territoire. Reste à trouver les médecins qualifiés et le personnel soignant pour les faire tourner. C’est pour cette raison que les plus hautes autorités du pays en tête desquelles le président Ali Bongo Ondimba ont pris l’engagement de former le personnel de santé qui va travailler dans des conditions idoines dans ces différentes structures sanitaires modernes.

Les Echos du Congo Brazzaville : Enfin, cette question n’a rien à voir avec la formation des infirmiers et médecins gabonais en France. M. le DGA, malgré ces aléas, depuis la création de la CNAMGS, en août 2007, et l’application graduelle du nouveau régime obligatoire d’assurance maladie, est-ce que le système est une réussite pour vous ?

Wenceslas YABA : Oui. Une réussite totale et phénomenale.

Les Echos du Congo Brazzaville : Pourquoi ?

Wenceslas YABA : Parce qu’il permet désormais à la plupart des gabonais de réduire considérablement leurs dépenses de santé. Dans ce cadre, la mère et l’enfant sont particulièrement chouchoutés. En effet, les assurées possédant une carte CNAMGS et ayant déclaré leur grossesse bénéficient d’une prise en charge à 100 % des soins liés à leur état, à l’accouchement ainsi qu’au suivi du nouveau-né et de la mère trente jours après la naissance. Plus largement, le régime concerne les personnes économiquement faibles depuis fin 2008 et les fonctionnaires depuis 2011. Il a également été élargi aux salariés du privé en 2013. Un patient immatriculé paie 600 F CFA de frais de consultation, tandis que ceux qui ne sont pas assurés doivent débourser 3 000 F CFA. C’est une grande première dans la sous-région. Et coup de chapeau au président de la République pour cette politique sociale qui force admiration et respect.

Les Echos du Congo Brazzaville : Votre message de fin à nos lecteurs ?

Wenceslas YABA : Merci pour ce privilège et pour votre intérêt à notre système de santé. Que les gabonais soutiennent massivement le président de la République et surtout son programme de l’Egalité de Chance pour qu’il nous apporte encore un peu plus pour ce nouveau septennat qui commence sur les chapeaux de roues.

Propos recueillis par Jean-Jacques Jarele SIKA