A Mayoko, l’orpaillage clandestin semble s’intensifier

Mayoko, territoire mythique du département du Niari (sud), recèle à la fois l’or vert et l’or jaune. Près de 95 % de sa surface est couverte de forêt équatoriale et son sous-sol aurait un potentiel aurifère estimé à plus de 300 tonnes. L’eldorado existe donc bien. Près de 500 orpailleurs exploitent l’or de Mayoko illégalement. Ce chiffre ne cesse d’augmenter.

Que faire ? Orpaillage illégal signifie insécurité, problème de santé publique, destruction de l’environnement et préjudice financier. La réponse doit être militaire, judiciaire, économique et diplomatique.

Le sol de Mayoko est très riche en or mais la plus grande partie de la production alimente les réseaux offshores.

L’orpaillage n’est pas un phénomène nouveau à Mayoko. En effet, l’activité est effective depuis plusieurs siècles au moins dans cette contrée. Si l’orpaillage est un phénomène ancien, il prend aujourd’hui des dimensions inédites. Quatre jeunes sur cinq sont directement impliqués dans l’orpaillage. Ces jeunes travailleurs de l’or seraient dispersés sur plusieurs sites avec une production annuelle déclarée de 400 kilogrammes.

Plusieurs observateurs de la vie locale de Mayoko dénoncent, plus que la fraude massive, les conditions d’extraction dans ces mines spontanées. En effet, la pauvreté prononcée, la forte croissance démographique et l’absence totale de contrôle des autorités poussent la population à se lancer dans l’orpaillage artisanal non sans conséquences. Les campements issus de l’orpaillage sont aussi pour les creuseurs les lieux de vente de leur production. Ces comptoirs d’achat permettent aux jeunes orpailleurs d’écouler leur production sans prendre le risque d’être détroussés sur les routes des grandes villes (Dolisie, Pointe-Noire, Brazzaville…).

Les revenus issus de la vente de l’or permettent de subvenir aux besoins des familles dans les cas où celles-ci ont accompagné les creuseurs ou d’acheter du matériel minier. Il arrive aussi que les gains soient très rapidement dépensés dans « des dépenses de prestige » ; achats d'alcool, des habits, des téléphones portables et de stupéfiants.

Cela empêche les mineurs de s’extraire de la misère. Quoi qu’il en soit, les revenus ainsi gagnés sont directement réinjectés dans l’économie de la cité ou des environs proches.

La ville de Dolisie, la capitale départementale du Niari profite aussi des gains issus des mines artisanales. On y trouve le matériel plus volumineux, indisponible dans les campements miniers, notamment les pelles, haches… C’est donc généralement tout un département qui profite des fruits du travail de ces jeunes orpailleurs.

Pour les populations locales, il est vrai que l’orpaillage offre une possibilité de revenus ne nécessitant aucune compétence particulière à une population jeune et sans réelle perspective et lendemain meilleur, l’Etat providence étant mort.

L’apprentissage de nouvelles techniques et pratiques par ces jeunes orpailleurs de Mayoko doivent être les premières pistes mises en place pour réduire les risques sanitaires et environnementaux liés à l’extraction et l’exploitation artisanale de l’or.

Jack de MAÏSSA / Les Echos du Congo-Brazzaville