Congo – Musique : Mpassi Mermans a définitivement rangé sa guitare

Il était l’un des plus grands guitaristes accompagnateurs des deux rives du Congo et pourquoi pas d’Afrique. Mpassi Ngongo Mermans s’est éteint mercredi 28 décembre à Brazzaville. Comme Nkounkou, Master Muana Congo, un autre virtuose de la guitare congolaise range son instrument pour l’éternité. Nous publions pour la circonstance les notes d’un entretien de nos confrères des Dépêches de Brazzaville avec Mpassi Mermans.

Guitariste, auteur-compositeur et arrangeur, Passy Mermans a embrassé la musique en classe de CE2, cours élémentaire deuxième année. Il montera son premier orchestre Syncope Jazz, en 1958, à Kibouendé, dans le département du Pool.

Revenu à Brazzaville en 1960, Passy Mermans dit Passy Ngongo Mermans 1er, va remettre sur pied son orchestre avec le concours des anciens musiciens de Syncope Jazz en lui changeant de dénomination. Il deviendra, en 1960, Mando Negro.

A la création de l’orchestre les Bantous de la capitale, le 15 août 1959, les recrutements se faisaient avec délicatesse et difficilement à Brazzaville. Les guitaristes étaient recrutés à Kinshasa, sur l'autre rive du fleuve Congo, grâce à leur talent. Ainsi, on pouvait trouver des guitaristes de renom d’alors comme Dicky Baroza et bien d’autres.

Mermans est le premier guitariste du Congo Brazzaville à être admis dans les Bantous, le même jour que Pamelo Mounka et Samba Mascotte, en juillet 1963.

« Je n’ai pas commencé la musique dans les Bantous mais à l’école primaire, en classe de CE2. Je suis allé à Kibouendé en 1958 où je vais créer mon premier groupe, Syncope Jazz», a indique Passy Mermans. « Après, je suis allé travailler à Mfoati en 1959. Revenu à Brazzaville en 1960, je vais créer l’orchestre Mando Negro avec les amis qui étaient avec moi à Kibouendé. Ce groupe deviendra plus tard Mando Negro Kwala kwa et je l’’ai dirigé pendant trois ans ».

En 1963, Les Bantous de la capitale vont le dénicher. « J’étais un fanatique de Papa Noël. Je voulais jouer la guitare comme lui », a -t-il confié.

A l'époque, s'est-il souvenu, cet orchestre était bien structuré, avec Jean Serge Essou et Nino Malapé comme meneurs. Les deux étaient saxophonistes et arrangeurs. Les Bantous effectueront leur première tournée de six mois en 1965 en Centrafrique, en Guinée équatoriale et au Tchad, nous a-t-il laissé entendre.

« C’est une grande école de chants. Ici, je suis venu apprendre à être un musicien de haut niveau. Jusqu’à présent j’y suis »,a expliqué Passy Mermans, qui a à son actif plusieurs compositions, entre autres,"Badeti", "Bu boté mona pelé", "C’est sérieux tantine", "A mon avis", "Libala é keséni".

Il sortira son premier album en solo en 1972, après la première scission de l’orchestre, exclu par Nino Malapé au même moment que Célestin Nkouka, Edo Ganga, Pamelo Mounka, Kosmos Moutouari et Théo Bitcheko.

Ensemble, ils ont voulu monter un groupe musical mais des incompréhensions vont contrer l’initiative. Ainsi, Passy Mermans, Ganga Edo et Théo Bitcheko vont créer, de leur côté, les Nzoyes. Ils seront rejoints par Ange Lino des mois plus tard.

L’orchestre mettra sur le marché l’album "Bani-bani" de Mermans qui connaîtra un grand succès. Il les quittera pour créer un autre orchestre, Lissolo, et traversera à Kinshasa pour enregistrer premier le premier 45 tours de ce groupe. Dans l’orchestre national, il a signé la chanson "Lemba", en 1976, un disque 33 tours.

En 1981, Mermans mettra sur le marché du disque son premier album en solo, en France, de quatre titres : "Monia". En 1988, Pamelo Mounka tombe gravement malade. Cette situation fera que Mermans quitte les Bantous de la capitale pour créer les Bantous Monuments en 1990. L’orchestre fera son succès avec des titres tels "Jeannot Lokosso", "Gallie Eve"… En 1992, il sortira un autre album en solo intitulé "Ton ami n’est pas ton ami". Sorti en France, il mettra un titre en hommage à Samba Mascot.

Mais les Bantous Monuments ne dureront que le temps d’une saison. Après la guerre de 1997, Passy Mermans regagnera la maison mère, les Bantous de la capitale.

Il était 4 heures du matin, mercredi 28 décembre, quand Mpassi Mermans s’est éteint pour l’éternité, au CHU de Brazzaville. Il avait 80 ans.

L’artiste a certes rangé son instrument, mais ses compositions continueront de chanter son éternité dans le cœur des mélomanes.

Avec Adiac-Congo/Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville