Seigneur Rochereau Tabu Ley nous a quitté, mais toujours présent en nous

Il s'en est allé le samedi 30 novembre 2013, au matin à l'hôpital Saint-Luc de Bruxelles, en Belgique, à l'âge de 76 ans. 9 ans déjà, au 30 novembre 2022. Victime d'un accident vasculaire cérébral en 2008, il ne s'en était jamais remis. Après les hommages de la communauté artistique de toute l'Afrique, Tabu Ley a été porté en terre le 9 décembre 2013 à la Nécropole de la Nsélé à Kinshasa. Un jour où la translation de la terre autour de son étoile le soleil, s'est arrêtée, dans la capitale de la République Démocratique du Congo, pour faire place aux gigantesques funérailles populaires du prestigieux artiste musicien. Les 17 millions d'habitants de la ville de Kinshasa désiraient, dans un élan général et spontané, accompagner le Seigneur Rochereau à sa dernière demeure.

Depuis sa disparition, les 30 novembre de chaque année, le monde de la culture célèbre la mémoire de Rochereau. Il fut le premier artiste africain à se produire à l'Olympia. Bien émouvants sont ses abondants souvenirs, cette richesse qu'on ressuscite en plus de la magie de sa musique.

Comme Tabu Ley qui a connu une fin de vie difficile, pour des questions logistiques, sont aujourd'hui dans une situation quasi similaire d'autres artistes musiciens congolais.

A l'instar de Tabu Ley, les porteurs de la rumba congolaise nous quittent. Chacun selon son destin. Cette année 2022, trois sont décédés. A Brazzaville, Ricky Siméon Malonga et Henri Gilbert Adampot de l'Orchestre Bantou de la Capitale. A Kinshasa, Kiamouangana Mateta Verkys.

Mais, il en reste encore qui survivent à peine.

Au Congo Brazzaville, Michel Boyibanda est ceux -là. Lui dont le jardin secret contient un répertoire de chansons non connues, qu'il ne livrera, peut-être, jamais, au public, n'en ayant plus les moyens nécessaires et les aptitudes. Casimir Zoba Zao, Celi Bitshou, Auguste Fall et Michel Ngoualali, eux aussi en mauvaise santé. Tous les cinq n’ont plus de vie pleine d'adulte, en communion avec leur environnement social.

Antoine Nedule Monswet, plus connu sous le nom d'artiste Papa Noel, Congolais des deux Congo, est depuis quelques années souffrant, affaibli par la maladie. Sans soutien de ses deux pays, il passe des journées pénibles, aux côtés de sa compagne Dadie, seul renfort humain qui lui reste, dans son appartement de Grigny, en région parisienne.

Sans cesse, il appelle pour guérir à l'aide spirituelle de son père Michel Mampouya, l'enfant de Mindouli, mis en terre dans le secteur de l'IAD à Mafouta, dans le Sud de Brazzaville.

Tous ces artistes musiciens, mal en point ne se sentent plus dans un état de complet bien-être physique, mental et social. Ils ne demandent qu'à être pris en charge, au plan médical, par leurs Etats, en reconnaissance des loyaux et nobles services rendus à leurs nations, par leur musique et par les artistes qu'ils sont. Ils refusent les égards et autres considérations somptueux post-mortem lorsque rien n’a été entrepris pour leur apporter aide et assistance pendant les moments critiques de leurs vies.

Les Ministères congolais de la Culture et des Arts des deux Congo devraient s’y pencher avant qu'il ne soit trop tard.

De la musique avant toute chose, clamait Tabu Ley, au firmament de sa forme, lorsqu'il se produisait sur scène. Parce que disait-il, la bonne musique ne se trompe pas d'itinéraire. Elle va droit au fond de l'âme humaine chercher, grâce à ses mystères, le chagrin qui nous dévore et l'en sortir hors de nous. Autant dans nos cœurs agités par le chagrin nous aurons besoin d'apaisement. Autant la musique de Tabu Ley viendra pour endormir ce chagrin.

Jamais nous n'arrêterons d'écouter Tabu Ley.

Notre immortel Seigneur Rochereau.

Que là-bas, à l'éternel infini, il repose en paix.

Ouabari Mariotti / Les Echos du Congo-Brazzaville