Congo : 2 mois après la mort de 6 jeunes dans un commissariat, des familles portent plainte contre l’État congolais

Quatre familles sur six ont porté plainte jeudi 13 janvier 2022 contre l’État congolais, suite à la mort de leurs membres survenue dans la nuit du 4 au 5 novembre 2021 dans les geôles du commissariat central de Brazzaville.

Depuis ce drame aucune interpellation n’a été effectuée et la Commission d’enquête indépendante réclamée par les Organisations de défense des droits de l’homme n’a pas non plus vu le jour.

Les familles ont attendu deux mois pour déposer leur plainte parce que ce dossier devrait être géré avec rigueur, expliquent-elles, en intégrant notamment les résultats des autopsies d’un médecin légiste, qui ont décelé des traces de tortures sur les corps.

Les autopsies réalisées sur les corps, à la demande des ONG, avaient révélé des décès par tortures ; mais ils étaient accidentels d’après le gouvernement.

Récemment au moins quatre policiers ont été arrêtés sur ordre du procureur de la République pour avoir torturé trois jeunes dont deux ayant trouvé la mort.

A l'occasion de la cérémonie de port des insignes de grade aux promus du premier trimestre de 2022, le général Jean-François Ndengué a attiré l’attention des hommes « sur les dérives et les bavures qui ont terni gravement l’image de la police » avant d’évoquer ces images diffusées sur les réseaux sociaux, « cette scène insupportable de policiers en train de torturer à coups de marteau, des personnes qu’ils avaient interpelées en dehors des commissariats. C’est révoltant, c’est inacceptable. »

Outre le fait que ces policiers identifiés, ont été présentés devant le Procureur de la République, déférés à la Maison d’Arrêt et subiront toute la rigueur de la loi, le général Jean François Ndenguet a relevé que « le Conseil de discipline statuera sur leur cas. Et, au regard de l’extrême gravité des faits qui leurs sont reprochés, ils sont passibles de radiation. Que cela serve de mise en garde rigoureuse, à tous les policiers qui déshonoreront la Police avec ce type de pratiques inhumaines et criminelles. »

Dans une lettre ouverte au Premier ministre congolais, Anatole Collinet Makosso, l’ancien Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Ouabari Mariotti veut d'un Congo où la justice oppose une barrière invincible aux barbaries de tous ordres dont celles émanant de la Force Publique et d’un pays où aucune once de place ne devrait être faite aux tyrans qui sont en sommeil dans toutes les instances de la République.

Jean-Jacques DOUNDA / Les Echos du Congo-Brazzaville