Congo – Disparition : L’ancien maire de Brazzaville Jean-Jules Okabando est décédé en France

Il avait le sens du devoir et portait le Congo chevillé au corps, Jean-Jules Okabando, ancien commissaire politique dans la Lékoumou, maire de la ville de Brazzaville et ancien ambassadeur du Congo en Lybie est décédé vendredi matin en France.

Il se savait très malade et peut-être condamné. Pourtant, il le vivait non pas comme une fatalité, mais comme un « combat pour la vie ». Aussi, dans les discussions, ne manquait-il pas de rassurer, avec le sourire, les proches qui s’inquiétaient de le voir ainsi affectés : « si ce rein ne me lâche pas, ça va aller ».

Sa philosophie de vie de battant, Jean Jules Okabando se l’est forgée à travers le métier dont il se destinait, celui des armes. Il quitte l’armée au grade de sous-lieutenant, après des atermoiements politiques qui ont été pour lui, « un aguerrissement pour servir autrement son pays ».

Pour de nombreux jeunes de son époque, cet enfant de Poto-poto s’identifie comme un meneur d’hommes. Il le démontrera à la tête de l’Union de la Jeunesse Socialiste Congolaise (UJSC) dont il assure les fonctions de premier secrétaire, jusqu’en 1976, quand il cède le témoin à Jean-Pierre Ngombé.

Commissaire politique (Préfet) dans la Lékoumou, Jean-Jules Okabando s’investira auprès des paysans à travers une relance agricole mais aussi une empreinte culturelle, des œuvres restées dans la mémoire collective.

De même, de son passage à la mairie de Brazzaville où il succède à Gabriel Emouengué de 1984, jusqu’en 1991, moment où il cède le fauteuil à Gabriel Obongui, Jean-Jules s’illustre comme un maire entreprenant et clairvoyant. Il redonne des couleurs à une ville dont il redéfinie les frontières déclarant non aedificandi certaines zones devenues depuis quartiers de Brazzaville et qui à l’évidence sont sujettes à de nombreux problèmes d’urbanisme. Jean-Jules Okabando sera d’ailleurs le tout premier maire de la ville de Brazzaville, à avoir vécu son enfance dans la capitale même. Aussi, un lien quasi affectif s’installe t-il entre lui et les brazzavillois qui l’appellent simplement « Jean-Jules ».

Mécène culturel, Jean-Jules Okabando adorait la musique. Il était d’un feeling naturel avec les Bantous de la capitale, qu’il tenait à cet orchestre, comme à la prunelle de ses yeux. En 1990, c’est grâce à son concours que l’orchestre Bantou de la capitale se remet à flot. Déjà sa salutaire médiation du 21 septembre 1986, alors Maire de Brazzaville, avait conduit au retour des vétérans qui à l’époque s’étaient séparés de l’orchestre.

En 2004, alors ambassadeur du Congo en Lybie, Jean-Jules Okabando comptait toujours parmi les personnages qui se sont souciés du sort des Bantous de la capitale. Il dote l’orchestre en instruments, après qu’on les lui ait pillés.

Diminué par des problèmes rénaux récurrents, l’homme qui s'était mis en retrait de la vie publique, vivait en région parisienne en France, mais restait attaché à son pays, qui en lui, comptait plus que tout.

Jean-Jules Okabando naquit le 17 avril 1948 à Engouemé. Il s’est éteint vendredi 22 novembre au CHU du Val d’Europe en Seine et Marne, à 71 ans.

Adieu Monsieur le Maire ! Adieu Jean-Jules !

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville