Congo, la menace de coup d'État demeure

Il n'est désormais plus un secret pour les congolais, le président Denis Sassou Nguesso et les institutions de la République font l'objet de menace avérée de déstabilisation. L'un des ''parrains'' de cette œuvre de destruction est Loïk Le Floch Prigent, ancien PDG d’ELF aquitaine.

L'homme n'est pas inconnu des congolais. Ils l'ont souvent vu à la télévision ou entendu au journal parlé, entre 1989 à 1993. En sa qualité de PDG d'Elf Aquitaine, Loïk Le Flock Prigent venait régulièrement rendre compte de la bonne santé du flot de l'or noir que sa société exploitait au Congo auprès du président de la République Denis Sassou Nguesso puis Pascal Lissouba.

Depuis quelques temps, Loïk Le Floch Prigent œuvre activement pour un changement de régime au Congo-Brazzaville. Action humaniste ou philanthropique, mais au profit de qui, cela laisse dubitatif et l'homme ne fait pas mystère du congolais qu'il souhaiterait voir succéder à Denis Sassou Nguesso, quels que soient les moyens de cette « alternance absolue ».   Cela explique sa surprenante sortie médiatique d'il y a quelques jours, dans laquelle il cache difficilement ses menaces à l’endroit du président de la République. « Sassou-N’Guesso doit partir, sinon les choses se passeront mal pour lui » dit-il en substance.

‘’Si je meurs, c’est parce que un blanc a armé la main d’un noir comme moi pour me tuer’’. Ces mots parmi les derniers de Patrice Lumumba ont de quoi interpeller notre conscience d’africain sinon de congolais, à l'écoute des propos de Loïk Le Floch Prigent.

Si l’action de Loïk Le Floch Prigent s’inscrit dans un jeu de rôles, ce rôle est bien de mauvais goût. Loin de relire Albert Memmi, (Portrait du colonisateur) il est si évident que Loïk Le Floch Prigent homme de gauche en dessine un remake. Pour Memmi, tout colonisateur, même le "petit Blanc", même le colon « de bonne volonté », ne peut être qu'un privilégié, fût-ce relativement, par rapport aux indigènes ; et il est toujours un « usurpateur », puisque ses privilèges ne sont pas légitimes, et il le sait. D'où, d'une part, une mauvaise conscience, qui atteint son paroxysme chez l'homme de gauche qui est déchiré par ses contradictions. Un homme qui ne sait comment se situer face au système colonial. Il est mal à l'aise par rapport aux revendications nationalistes des colonisés et il sait pertinemment qu'il n'aura pas davantage sa place après l'indépendance.

Loïk Le Floch Prigent qui naguère s'affichait auprès de Denis Sassou Nguesso, veut désormais la peau de celui-ci, à travers ce que Marien Ngouabi aurait appelé les « valets locaux de l'impérialiste ». 

Des milieux de la sécurité intérieure congolaise, l'on apprend que de nombreuses arrestations sont opérées dans le pays, en rapport avec cette tentative de déstabilisation pour laquelle les congolais se demandent si les moments de calme qu'ils vivent ne précèdent pas une tempête, celle du feu dévastateur.

Dire que sur les réseaux sociaux, de nombreux congolais se délectent de cette méprise comme si les délires d’un occidental avaient force de norme vis-à-vis des pratiques africaines.

Sans doute Loïk Le Floch Prigent entend t-il mettre sous tutelle les congolais vis-à-vis d’éventuelles décisions à prendre ou des démarches à entreprendre. On est peut-être loin de l’époque «Foccart » pourtant la pratique n’en est pas moins la même.

Que nous réserve donc demain ? Si l'on y prend garde, demain, les congolais compteront leurs morts. Avec ou sans sépulture. Ils chanteront le requiem des adieux telle une complainte dessinant l'incertitude des survivants à rester en vie.

Une fois de plus, on aura agit comme si quelque chose dépassait en valeur la vie humaine, surtout celle des autres, les congolais. Mais alors quoi ? Assurément pas le pétrole...

Bertrand BOUKAKA