Congo – Législatives : Léonidas Mottom désavoué par le PCT pour attitude rétrograde et divisionniste

La dérive verbale manifestée par Léonidas Carel Mottom Mamoni, candidat investi du Parti Congolais du Travail dans la circonscription de Ouesso 2, a entrainé une véritable levée de bouclier de la part des congolais de tous bords politiques et même des citoyens apolitiques. Tous ont dénoncé et condamné des propos d’un tribalisme primaire, au point que beaucoup se sont demandés si cet homme était vraiment membre du Parti Congolais du Travail, dont la ligne connue de tous, est loin d’une telle dérive. Justement, par la voix de son secrétaire permanent à la communication, Parfait Iloki, le PCT rendu public une déclaration dans laquelle il dit avoir retiré son appui au candidat indélicat, en attendant des sanctions à venir.

À travers leurs commentaires de la vidéo dans laquelle s’exhibe Léonidas Mottom, de nombreux congolais se sont demandés, si dans ses délires, l’homme n’était pas sur le point de déclarer la guerre et de fermer la porte aux non natifs de la Sangha, partant de Ouesso, jugés personae non grata.

La conception de « Mabélé », la Terre, est tellement réductrice pour ce député sortant ayant de surcroit occupé un poste au bureau de l’Assemblée, que l’on se demande comment peut-il siéger à hémicycle, investi d’un mandat national, alors que sa vision de la Nation, se limite à sa région natale, voire à son ethnie.

Dire que cet homme qui a occupé des fonctions de ministre, est astreint à davantage de réserve, qu’un citoyen lambda.

Les propos de Léonidas Mottom sont condamnables et le PCT vient d’en donner la preuve, en lui retirant sa confiance.

Mais au-delà du condamnable, ces propos sont dangereux, car tenus, inculqués, inoculés tels du venin de la division, à des populations acquises à sa cause. Ces populations pourront se montrer réfractaires voire hostiles face aux congolais venant d’autres départements, la stature de Léonidas Mottom et les différents postes qu’il a occupés dans la sphère politique du pays, édictant une quasi obéissance de ces militants à son égard. Et, au nom du prétendu « Mabélé » dont se prévaut Léonidas Mottom, elles peuvent sauter le pas pour des violences de toutes sortes.

Aussi, outre la sanction du PCT, le procureur de la République est en droit d’intenter une action en flagrance à son endroit, pour incitation à la haine tribale et propos tendancieux, de nature à saper les fondements de la République. D’ailleurs des dispositions de la constitution condamnent les faits dont s’est montré coupable Léonidas Mottom, notamment à l’article 13.

« Toute propagande ou toute incitation à la haine ethnique, à la violence ou à la guerre civile, constitue un crime puni par la loi ».

Cet homme, de par les fonctions assumées, tant au gouvernement ou à l’Assemblée, devait savoir les limites du verbe, même en période électorale, confortée par ce passage de l’hymne national : congolais debout, fièrement partout, proclamons l’union, de notre nation. Oublions ce qui nous divise, soyons plus unis que jamais.

Eu égard à cette flagrance, ce crime ainsi que le stipule la constitution, et compte tenu des éléments évoqués, le Ministère de l’Administration du territoire peut bien requérir l’avis de la cour suprême, aux fins d’invalider la candidature d’une personnalité dont la dangerosité est prouvée. Les propos constituant la preuve de son « crime ».

Si rien n'est fait, Léonidas Motton sera sans doute élu député, car sa terre, ainsi qu’il la nomme, lui est acquise. Que fera t-il si, en réponse à sa logique d’interdire sa terre aux autres, les natifs de Brazzaville lui interdisaient la leur ? Siègera t-il par visioconférence depuis Ouesso ?

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville