Congo - Lutte contre les antivaleurs : ‘’Sauve-qui-peut’’ au gouvernement

Dans son style bien particulier, basé sur des investigations pointues et des informations de premières-mains, aux sources fiables, notre confrère ‘’Le Troubadour’’ révèle, dans sa livraison du 28 janvier, les coulisses d’une quasi panique, pour certains ministres en délicatesse avec la Justice et dont les noms sont abondamment cités dans des affaires qui défraient la chronique des antivaleurs.

Loin d’être un simple coup de semonce, le message du président Denis Sassou N’Guesso sur l’état de la Nation, le 29 décembre dernier, est à l’évidence un véritable coup de pied dans la fourmilière, d’où semble vouloir s’échapper à tout prix et par tous les moyens, ceux des ministres qui savent que le général Obara les tient déjà en ligne de mire et que leur entrée dans la nasse n’est qu’une affaire de semaines ou de mois.

Si le menu fretin et autres poissons de taille moyenne semblent se résigner et attendent de subir les foudres de la justice, des gros poissons essaient de s’en soustraire, car ils savent qu’une fois pris dans la nasse, il leur sera très difficile d’en sortir et le spectacle de la tenue jaune-rouge de bagnard désormais arborée par les résidents de la MACB a de quoi pousser au combat, avec la dernière énergie, même en désespoir de cause.

Et c’est justement en désespoir de cause que ces ministres dont notre confrère le troubadour dresse le portrait en filigrane, se battent bec-et-ongles, afin de ne pas être entrainés dans la nasse par le courant dont ils sentent la force et l’emprise.

Selon le Troubadour, « des ministres et personnalités suspectés essaient de se garantir une immunité… C’est le cas d’un ministre en fonction (souvent cité dans la rue comme étant parmi les personnalités ayant mis à mal les finances de l’État) qui n’a pas hésité à s’en prendre au président de la République dans le cadre d’une réunion du bureau politique du Parti congolais du travail (PCT). Ce ministre, dans une posture de défi, qui traduit en même temps un désespoir, a osé dire : Pourquoi le chef de l’État fait de la lutte contre les antivaleurs son cheval de bataille ? A-t-il été élu sur la base de cette lutte ? »

« Un autre ministre en fonction, qui lui aussi se sent morveux, a trouvé une meilleure astuce pour échapper à d’éventuelles poursuites judiciaires : il a choisi d’aller se cacher derrière son parti politique et sa tribu. Après avoir instrumentalisé sa formation politique, qui l’a fait passer pour un bouc-émissaire à travers moult déclarations que les congolais ont suivi dans les médias pendant plusieurs semaines, il a laissé le tour aux membres de sa tribu pour assurer sa défense. Le mot d’ordre ici étant de jouer à fond sur la corde de la victimisation. Aujourd’hui, ce ministre s’échine à se faire passer pour le meilleur soutien et le meilleur propagandiste du président de la République. Une façon de montrer à Denis Sassou N’Guesso qu’il serait plus utile à l’extérieur qu’entre quatre murs d’une prison, dans la perspective de 2021.

Un ancien ministre qui est toujours dans les rouages du pouvoir, aurait, lui, joué des coudes pour arpenter rapidement les marches du Parti congolais du travail et entrer au bureau politique de cette formation. Cet ancien ministre, lui aussi cité dans des scandales financiers aurait choisi le PCT comme bouclier. Aujourd’hui, avec un tel soulagement, il ne manque pas, semble t-il, de confier à qui veut l’entendre : « ils ne viendront quand même pas me chercher dans une réunion du bureau politique pour aller répondre à une convocation de la Haute cour de justice ? »

Enfin, une personnalité dont les preuves de mauvaise gestion de son département ont été récemment étalées sur la place publique, n’arrête pas de crier sur tous les toits qu’on voudrait la faire passer pour un fusible. Son principal argument : « il n’y a pas que moi qui ai profité de mon département, d’autres l’ont fait avant moi, pourquoi ne sont-ils pas inquiétés ? »

Ce papier de notre confrère ‘’Le Troubadour’’, sous la signature d’Anicet Samba, montre combien la chronique judiciaire congolaise sera des plus scrutées en cette année 2019.

Une chose est sûre, des têtes tomberont. Reste à savoir, lesquelles tomberont. Et pour s’épargner un détour par la nasse, tous les moyens sont bons.

Face à cette nasse non sélective dressée par Denis Sassou N’Guesso, chacun des présumés suspects ou innocents coupables des antivaleurs, se débat tel le diable dans le bénitier. Dire qu’il y a un temps pour tout. Et le temps de la justice a sonné. C’est le peuple, au nom duquel sera rendue la justice, qui tient désormais l’horloge et indique l’heure à Denis Sassou N’Guesso.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville