Congo – Situation politique : Les congolais réclament l'extension de la « jurisprudence Ntoumi » à tous les contentieux politico-judiciaires

Le dénouement pacifique désormais actée de la crise du Pool, réjouit plus d'un congolais, au regard de la signature de l'accord de cessez-le-feu du 23 décembre à Kinkala, des négociations de la commission mixte paritaire ainsi que ses conclusions, notamment la levée des poursuites contre le pasteur Ntoumi et ses affidés, la sortie des ninjas nsiloulou et demain, le ramassage des armes.

Même s'ils saluent les avancées obtenues, de nombreux congolais ont de ce processus, un arrière goût d'inachevé car ils y voient une occasion ratée de régler tous les contentieux politico-judiciaires qui grisent la vie démocratique au Congo.

C'est ici que les cas de Jean Marie Michel Mokoko, André Okombi Salissa, Jean Ngouabi, Jacques Banangazala, Libongo Ngoka et autre Paulin Makaya interpellent la conscience collective sur une sorte d'injustice républicaine, « deux poids, deux mesures ».

Même si Jean Marie Michel Mokoko, André Okombi Salissa, et autres attendent un procès qui devrait intervenir sous peu, Paulin Makaya est à l'évidence le souffre-douleur d'une justice congolaise en perte de repères.

À propos de Paulin Makaya, comment comprendre que le citoyen qui a purgé sa peine depuis bientôt deux mois déjà, croupisse encore en prison, comme si cette peine avait été commuée en prison à vie.

Les différents officiels gouvernementaux interrogés sur la question se sont rompus avec un zèle insidieux, à une maladroite « méconnaissance du dossier », comme si un prisonnier ayant purgé sa peine avait besoin d'un dossier particulier pour l'obtention de son billet de levée d'écrou.

Entre la rectitude du Droit et les considérations politiques pour l'intérêt supérieur de la Nation, le « dura lex sed lex » est souvent mis en marge afin de donner la chance à la paix, une paix qui dans le « jeu démocratique » dispose de codes qui bien souvent vont au delà même de la « raison ».

C'est au nom de cet « intérêt supérieur » que les familles des soldats tombés au Pool, celles des ninjas qui y ont laissé leur vie, ou des populations qui y ont enduré le martyr à travers les dommages collatéraux et autres bavures, vont désormais faire le deuil pour leurs défunts parents, devenus martyrs de la paix, des « Manuel » en quelque sorte, « des gouverneurs de la rosée ».

Si la levée des poursuites contre le pasteur Ntoumi, naguère accusé de terrorisme est un détail dans l'ensemble des mesures qui chapeautent le processus de paix au Pool, ce détail est tout un symbole de la magnanimité et de la mansuétude républicaines, et il vaut pour tous les congolais, car le Pool et ses ressortissants ne sont pas des entités hors de la république et ne sauraient promouvoir un parallélisme juridique, judiciaire ou politique d'avec les congolais des autres régions.

À défaut de l'abandon des poursuites par le parquet, une liberté provisoire avec un contrôle judiciaire serait un point d'équilibre pour les autres « mis en cause pour atteinte à la sûreté intérieure de l'État.

Cela vaudrait, pour « l'intérêt supérieur de la Nation », même si la Justice se justifie d'une vérité des faits, sa vérité. Mais, le philosophe Hegel ne dit-il pas que « la vérité ne se trouve ni dans la thèse, ni dans l'antithèse, mais dans une synthèse naissante qui les réconcilie ? »

La logique voudrait que la « synthèse naissante » qui est la jurisprudence Ntoumi réconcilie les autres thèses et antithèses du même registre.

C'est la République qui en sera réconciliée avec elle même et la Justice saluée pour son équité et son impartialité.

Monsieur André Oko Ngakala, les congolais vous regardent...

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville