Congo – Affaire Munari : Des observateurs de la politique congolaise jugeraient le procureur Oko Gakala de pyromane

Après son intervention sur radio France internationale contredisant des propos du chef de l'état sur une interview donnée sur la chaîne France 24, Claudine Munari a été convoquée par le procureur de la république. De nombreux observateurs de la vie politique congolaise s'interrogent sur la matérialité du délit présupposé, et de l'opportunité de cette convocation.

Il est de notoriété publique que dans toute démocratie, l’opposition politique se conçoit comme la minorité parlementaire souvent exclue du pouvoir exécutif. Aussi, dans ses prises de position, ou pour faire un contrepoids à l'action gouvernementale elle n'hésite pas à faire entendre sa voix, souvent, jusqu'à l'obstruction.

Le président de la république ne pouvant entrer dans ce jeu de « guerre des communiqués » ou des débats contradictoires, des canaux appropriés existent, notamment la prise de parole du ministre de la communication, d'un conseiller ou représentant personnel du chef de l'état, voire la presse, comme le fait si souvent, avec maestria notre confrère Asie Dominique de Marseille.

Cette dynamique du langage et de la rhétorique pour analyser l'action gouvernementale dans un processus contradictoire souvent conflictuels est de bonne guerre. Elle est souvent perçue comme l'état de bonne santé d'une démocratie.

Il va s'en dire que dans le cadre de la vie normale des institutions où, le gouvernement dirige et l'opposition s'oppose, l'action du procureur est inopportune, si le mécanisme n'interfère pas sur les lois et règlements garantissant la bonne marche de l'état, de sa sécurité, ainsi que celle des populations et des institutions.

Ne nous méprenons pas ou ne faisons pas semblant de ne pas le reconnaître. En dehors de quelques exceptions qui se comptent du bout des doigts, l'assise des leaders politiques congolais repose sur des fiefs où certains irréductibles sont parfois prêts à mourir pour leur leader.

De nombreux observateurs pensent qu'alors que les congolais vivent dans l'expectative, suite à la situation en cours dans le département du Pool, du haut de « son parquet », le procureur Oko Gakala jouerait un jeu dangereux en créant des tensions qui s'apparenterait à l'ouverture d'autres fronts.

D'ailleurs, certains se demandent pourquoi ne s'est-il pas auto-saisit, suite au décès malencontreux, par balle d'une fillette de trois ans à Mouyondzi, lui qui pour des cas de flagrance du genre, a juridiction exceptionnelle sur l'ensemble de la république.

Sur ces faits, beaucoup ont apprécie le tact et le professionnalisme du préfet de la Bouenza, Moukala Tsoumou qui a su apaiser une situation explosive qui aurait pu dégénérer en des proportions non maîtrisées.

Face à cette situation pour laquelle les tensions couvent encore à Mouyondzi, après la mort par balle de la fillette, "le tour serait désormais à la député de Moyondzi, Claudine Munari de subir" pense t-on.

Pourquoi le procureur Oko Gakala n'userait-il pas de retenue, surtout en l'absence matérielle d'une infraction ou d'un délit, à moins qu'il ne puisse rétablir les délits d'opinion bannis depuis belle lurette.

Entre liberté d'opinion revendiquée et de parole pour l'une, excès de zèle ou rectitude du droit pour l'autre, il va s'en dire que Claudine Munari a la bombe et Oko Gakala les allumettes. Mais, l'explosion vaut-elle le coup ?

Bertrand BOUKAKA