France : DSK attaque un roman sur l'affaire du Sofitel

Dominique Strauss-Khan refait parler de lui dans l’affaire du Sofitel de New-York. "La Ballade de Rikers Island" un roman reprend avec force-détails sa virée avec Nafissatou Diallo. Une « diffamation » pour laquelle l’ancien patron du FMI poursuit l'auteur du roman, Régis Jauffret, ainsi que son éditeur devant le tribunal correctionnel de Paris.

Dominique Strauss-Khan a, par la voix de son avocat, dénoncé une "diffamation effroyable" distillée à travers "La Ballade de Rikers Island", un roman de plus de 400 pages paru aux Editions du Seuil le 16 janvier 2014. Ce roman décrit la chute d'un homme, le désarroi d'une femme et, de façon très précise, une "scène de viol".

Une fiction qui par la grâce de la "création littéraire" peut tout se permettre, comme le plaide la défense, ou le récit clinique d'un viol, à charge? Seul nom cité dans ce livre, celui de Nafissatou Diallo, la femme de chambre du Sofitel de New York qui a envoyé Dominique Strauss-Kahn en prison, à Rikers Island, sur des accusations de viol en mai 2011.

L'ancien patron du Fonds monétaire international (FMI) a, par la voix de son avocat, dénoncé une "diffamation effroyable" distillée à travers ce roman de plus de 400 pages paru aux Editions du Seuil le 16 janvier 2014, qui décrit la chute d'un homme, le désarroi d'une femme et, de façon très précise, une "scène de viol".

"Le monde entier a commenté cette affaire". "Ce livre décrit un viol, à l'indicatif. Le lecteur croit lire enfin le récit de ce qui s'est passé dans la suite 2806 du Sofitel", a tonné Me Leclerc, se disant écœuré par la description de l'agression, "dégradante" pas seulement pour Dominique Strauss-Kahn mais aussi pour Nafissatou Diallo.

Des passages dans le livre renvoient carrément à la pornographie : "Il la jette sur le lit, la chevauche, cherche à planter son sexe entre ses lèvres serrées, et la tête de Nafissatou qui ne cesse de bouger pour éviter le gland".

Sept passages du livre sont visés, ainsi que des déclarations de l'auteur à la radio France Inter le jour de la parution, où Régis Jauffret se dit persuadé que DSK "ne s'est pas aperçu qu'il avait violé Nafissatou Diallo".

"Le monde entier a commenté cette affaire", Régis Jauffret le fait aussi, en romancier et en toute "bonne foi", a plaidé un autre de ses conseils, Bénédicte Amblard.

Des arguments balayés d'avance par le procureur, qui a estimé que Régis Jauffret n'avait "même pas tenté de s'ancrer dans la fiction pour cette œuvre", contrairement à ce qu'il fit pour de précédents romans basés sur des faits-divers, et constaté la diffamation.

Il a laissé au tribunal le soin de fixer le montant d'éventuels dommages, le plaignant Dominique Strauss-Khan demandant pour sa part 50.000 euros à l'éditeur comme à l'auteur ainsi que la publication d'un encart portant mention de la condamnation dans tous les exemplaires parus du livre.

Le jugement a été mis en délibéré au 2 juin.

Bertrand BOUKAKA