Côte d'Ivoire - Présidentielles : Amadou Gon Coulibaly n'aura pas foulé le sol de "la terre promise"

Amadou Gon Coulibaly était le candidat du RHDP, adoubé par son mentor Alassane Ouattara dont il était le dauphin incontesté, et à ce titre, le pouvoir lui tendait les bras, pour une succession quasiment assurée, à l'issue de la présidentielle d'octobre 2020. Hélas, à l'instar de Moïse, l'homme ''s'est arrêté de l'autre côté du Jourdain''.

Qu'est-ce qui aurait pu empêcher le premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, de succéder à Alassane Ouattara. Assurément rien, si ce n'est la mort, tant l'homme disposait de tous les atouts.

Au plan personnel, il avait la carrure pour assumer la fonction qui lui était promise, celle de président de la République. Il n'avait d'ailleurs qu’un pas à franchir, sa fonction de premier ministre et même les ''vacations'' assurées à la présidence de la République, pendant le congé sanitaire du président Ouattara, l'ayant outillé et suffisamment rodé à sa future tâche. 30 ans déjà qu'il était aux côtés de celui qui l'appelait par ''mon ami, mon fils''.

Au plan de l'appareil politique, le RHDP, bien implanté dans les arcanes du pouvoir et dans le peuple, s'apprêtait, en dépit des vicissitudes, à rééditer un exploit dont il a désormais le secret.

Amadou Gon Koulibali se savait malade. Il avait peut-être des doutes sur ses capacités à tenir face à l'immensité de la mission qui l'attendait. Sans préjuger de ses forces il entrevoyait ce futur par une phrase dont on va tenter désormais de comprendre le leitmotiv: ''s'il plait à Dieu''.

Certes, en fidèle croyant, ramener le futur à Dieu, va de soi. Mais, son ''s'il plaît à Dieu'' relevait-il simplement de sa croyance, ou des doutes que suscitait en lui sa maladie, dont seuls lui, ses médecins et peut-être le président Ouattara, connaissaient la réelle gravité ?

Sa greffe du coeur avait suscité des espoirs. De bon augure pour continuer à bâtir le rêve de sa vie. Pourtant...

Pour l'instant, l'heure est au deuil, même si ceux qui en petits comités évoquaient la maladie du défunt, font profil bas, en attendant de se repositionner.

Au moins, l'histoire retiendra que comme Moïse, Amadou Gon Coulibaly à qui était destiné le pouvoir de conduire le destin de son peuple, est mort à 61 ans, là, à quelques encablures de la ''terre promise''.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville