Un activiste de la diaspora gabonaise dénonce le régime d’Ali Bongo

«Le Gabon se conforte chaque jour un peu plus dans sa position de dictature féroce. Opposants et activistes en paient davantage un lourd tribut. La police politique à la solde du pouvoir traque tous ceux qui osent dénoncer l’oligarchie cleptomane en place. Ali Bongo Ondimba a montré une nouvelle fois sa mauvaise foi et son incapacité à gouverner et à répondre positivement aux besoins et aux attentes des gabonais ». Ces propos sont de Daniel Morel Mayila Yombi, un jeune activiste gabonais très engagé et déterminé en vue d’une nouvelle alternative politique au Gabon. Nous l’avons rencontré à Paris, la ville lumière.

Les Echos du Congo Brazzaville : Comment vous êtes arrivé en France ?

Daniel Morel Mayila yombi : Après le soulèvement populaire et citoyen de 2016 réprimé dans le sang au siège de Jean Ping, je compte parmi les rescapés de l’attaque de l’armée gouvernementale. En pleine crise alors que les milices abattent froidement des jeunes gabonais et font disparaître les corps, j’ai organisé ma sortie du Gabon le 1er septembre 2016 à destination de Douala au Cameroun avant de rallier Paris le 5 septembre de la même année.

Les Echos du Congo Brazzaville : Parler nous de l’actualité socio-politique dans votre pays le Gabon ?

Daniel Morel Mayila yombi : Lorsqu’on voit ce qui se passe au Gabon, on ne peut qu’être déçu. Déçu de quoi ? Du fait que pendant que la mal gouvernance bat son plein chez nous, pendant que la corruption atteint son sommet, pendant que l’on continu encore à tuer, les crimes rituels, les autres pays avancent, se développent et adoptent des bonnes politiques de gouvernance et de développement socio-économique. L’avenir du peuple gabonais ne se dessine pas sur la dictature et l’autoritarisme. C’est un secret de polichinelle, Ali Bongo Ondimba a été frappé par un accident vasculaire cérébral (AVC) qui a affecté sa mobilité et son élocution. Ses problèmes de santé récurrents posent question sur sa capacité à diriger le Gabon.

Les Echos du Congo Brazzaville : Quoi que l’on dise Ali Bongo reste tout de même le président élu du Gabon ?

Daniel Morel Mayila yombi : Depuis le bord de la Seine, nous avons scruté minutieusement la cérémonie de prestation de serment du nouveau gouvernement tenue le 15 janvier dernier au palais présidentiel à Libreville. Nous soupçonnons les velléités des barons du régime PDG de conserver le pouvoir, en refusant de déclarer la vacance du pouvoir. On a vu Ali Bongo qui est apparu sur une chaise roulante très affaibli et la cérémonie a eu lieu à huit clos. Le pays va mal disait le poète. Pour nous il n'a jamais été élu président. Le vrai président élu du Gabon en 2016, c'est Jean Ping.

Les Echos du Congo Brazzaville : Pensez-vous que le président Ali Bongo fera un troisième mandat ?

Daniel Morel Mayila yombi : Le Gabon n’est pas l’Algérie. Même dans un rêve il ne va pas arriver à ses fins. Ce qui s’est passé en 2016 ne passera plus prochainement. Ali Bongo a montré une nouvelle fois sa mauvaise foi et son incapacité à gouverner et à répondre positivement aux besoins et attentes des gabonais. La prochaine présidentielle, ce sera tout sauf Ali Bongo car le Gabon se conforte chaque jour un peu plus dans sa position de dictature féroce. Opposants et activistes en paient davantage un lourd tribut. La police politique à la solde du pouvoir traque tous ceux qui osent dénoncer l’oligarchie cleptomane en place.

Les Echos du Congo Brazzaville : C’est un secret de polichinelle, vous êtes cité parmi les activistes gabonais de France qui ont importuné l’ancien premier ministre gabonais, Pr Daniel Ona Ondo, actuel président de la commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), dans une rue de Paris où il séjourne pour des raisons de travail. Qu’est ce qui peut justifier cette attitude ?

Daniel Morel Mayila yombi : Il faut rappeler que la posture des activistes inféodés par l’opposant Jean Ping, vis-à-vis des officiels gabonais, n’est pas la première du genre. L’ancien directeur de cabinet du Président de la République Martin Boguikouma et le président de l’Agence de régulation et des communications électroniques et de la Poste, Lin Mombo, compagne de la présidente de la cour constitutionnelle ont connu des mésaventures similaires respectivement en juin 2017 et mars 2018 à New-York aux Etat unis. Pour nous c’est un sentiment de ras- le- bol. Et c’est à cause d’eux que nous sommes hors de nos frontières et c’est toujours à cause d’eux qu’on ne peut plus rentrer au pays. Le Gabon est entrain de souffrir et ils viennent pavanez ici.

Les Echos du Congo Brazzaville : Enfin votre message de fin pour boucler cet entretien ?

Daniel Morel Mayila yombi : Nous voulons construire un Gabon loin de la fraude électorale. La souveraineté d’un Etat c’est aussi le respect des règles démocratiques. Ali Bongo doit partir. Pour nous, le choix que le peuple gabonais a exprimé très clairement en faveur de la démocratie, de l’alternance, de la liberté et de l’espérance, le 27 août 2016, c’est Jean Ping, capable de mettre les gabonais aujourd’hui à l’abri de la peur et du besoin.

Les Echos du Congo Brazzaville : Merci d’avoir répondu à nos questions.

Daniel Morel Mayila yombi : C’est moi qui vous remercie.

(Propos recueillis par Edwige KISSINGER)