Annexion par le Congo d’un village du Gabon : «Information non fondée», selon le gouvernement

La question sur l’annexion par le Congo-Brazzaville du village Youkou dans l’Ogooué-Ivindo, révélée par l’hebdomadaire gabonais «Le Mbandja», a trouvé le 15 mai 2018, un brin de réponse auprès du ministre gabonais de l’Intérieur. Selon Lambert Noël Matha, cette information devenue virale sur les réseaux sociaux ne serait pas fondée.

Interpellé par les sénateurs membres de la Commission des lois et des affaires administratives qui l’auditionnaient, de se prononcer sur les révélations de l’hebdomadaire «Le Mbandja» et sur ladite violation des frontières gabonaises, le ministre gabonais de l’Intérieur a soutenu que «c’est une information non fondée», argumentant que : «les images qui circulent sur les réseaux sociaux, sont des vieilles images».

Si les réponses du ministre de l’Intérieur n’ont pas semblé convaincre les sénateurs, ces derniers ont déclaré «prendre acte» tout en «invitant les résidents des zones frontalières concernées à leur fournir plus d’informations» afin de mieux apprécier la position de Lambert Noël Matha et la réalité sur le terrain.

Le village gabonais de Youkou (département de la Zadié à Mékambo dans l’Ogooué-Ivindo), riche pour son or et plusieurs autres minerais, est depuis plusieurs mois victime d’invasion congolaise. C’est ce que révèle une enquête de nos confrères du Mbandja. Dans la bourgade de Youkou, seul y flotterait le drapeau congolais. Une situation d’annexion bien connue des autorités gabonaises qui devant la présence militaire du Congo dans ce village, auraient préféré regarder ailleurs.

Selon la livraison n°452 du 11 mai de l’hebdomadaire, on y apprend notamment que dans ce village pourtant bien gabonais, y flotterait le drapeau congolais en lieu et place de celui gabonais. L’armée congolaise y aurait déployée un contingent armé de kalachnikov.

On rappelle que des pays qui lui sont limitrophes, le Congo est celui qui partage la plus longue frontière avec le Gabon, soit 1 918 km entre le nord-est, l’est, le sud et le sud-est. Sauf que, ces deux pays, depuis 1974, n’arrivent pas à s’accorder sur les limites de leurs territoires respectifs. Les éléments cartographiques faisant l’objet de divergences d’interprétation sont, dans ce contexte, restés en l’état.

Fort de ce constat, les experts des deux pays se sont réunis, les 16 et 17 octobre 2015, à Ouesso, au nord du Congo, afin d’évaluer l’état des lieux et proposer des solutions définitives à ce problème. De cette réunion de la commission technique mixte en matière de frontières, elle-même tirée du protocole signé par les deux parties à Libreville le 28 mars 2014, le Gabon et le Congo ont convenu d’organiser des missions de terrain sur les zones litigieuses, dont celle susmentionnée.

Jack MAÏSSA / Les Echos du Congo Brazzaville